Trois questions à Vincent Vallet

Vincent vallet, Directeur de la Polyclinique des Alpes du sud, à Gap (05)

Quelles sont vos plus belles expériences ?

Je suis très heureux de diriger l’unique clinique privée du département des Hautes-Alpes, ce qui lui confère de fait un statut particulier. Je suis à ce poste depuis 6 ans et le travail accompli lui a évité d’une part de disparaître et d’autre part a permis de devenir un établissement moderne et attractif pour les jeunes médecins – dont la plupart exercent en secteur I. Nous avons reconstruit la clinique sur un nouveau site tout en gardant notre indépendance, ce qui a représenté un énorme défi financier et humain. L’entreprise était à la base peu préparée à ce changement mais, finalement, le succès de cette restructuration a eu pour conséquence de souder durablement l’ensemble des collaborateurs y compris les praticiens, qui sont par ailleurs tous actionnaires de la clinique. Nous essayons également d’être très proches des médecins libéraux de la région en mettant l’accent sur la communication et la formation médicale continue avec comme objectif de devenir le centre de référence de notre territoire dans ce domaine.

Quels sont vos plus gros échecs ?
Le paradoxe aujourd’hui est que pour nous les principales difficultés proviennent de notre environnement réglementaire. Comme beaucoup d’autres établissements nous avons vécu des expériences négatives lors de contrôles T2A en 2007 où nous avons été soumis à des pénalités, selon nous, injustifiées. D’autre part, nous sommes en passe de perdre une autorisation de chirurgie en cancérologie digestive alors que nous relançons actuellement cette activité et que nous étions bien au dessus des seuils au moment de l’interdiction. Cette décision va selon nous appauvrir la qualité de l’offre de soins dans la région car les patients n’auront pas d’autre choix que l’hôpital public dans cette spécialité. Notre dossier est sur le bureau de Mme Bachelot et nous ne perdons pas espoir mais nous nous sentons quand même impuissants face à des textes de loi qui n’ont souvent pas beaucoup de sens sur le terrain.

Quelles réflexions vous inspire l’actualité ?
Plusieurs sujets me tiennent à cœur. Tout d’abord, j’aimerais évoquer la question sociale. A mon avis, nous ne ferons pas l’économie d’une épreuve de force avec l’État sur le sujet de la rémunération des salariés du secteur privé et je ne suis pas sûr que la FHP ait été suffisamment vindicative sur le sujet. Il y a un vrai combat à mener car il faut absolument que les écarts se resserrent. Cela devient de plus en plus difficile sur le terrain d’embaucher de nouveaux collaborateurs et de motiver le personnel en place, même si nous essayons de développer dans notre clinique une politique RH dynamique (intéressement, parcours professionnel…). D’autre part, nous sommes convaincus que le modèle de clinique indépendante, fortement implantée dans sa région et dont les actionnaires sont les médecins, a encore de l’avenir dans des régions comme la nôtre. Nous aimerions que cette réalité de terrain soit mieux représentée au niveau de la FHP. Enfin, concernant la stratégie syndicale, je pense qu’il faudrait se rapprocher davantage des syndicats médicaux et définir des axes et des objectifs communs. On ne parviendra pas à préserver le secteur privé si nous sommes en opposition. Je suis d’ailleurs assez sceptique sur les répercutions qu’a eues la campagne sur le tarif unique car, avec une grande partie des médecins libéraux pratiquant des dépassements d’honoraires, il est à mon avis très difficile pour le néophyte de décrypter le message de cette campagne.