3 questions au Dr. Bernard Courderc, cancérologue, président de l’UNHPC

Dr. Bernard Courderc, cancérologue, président de l’UNHPC et président élu du Conseil national de cancérologie.

Le 4ème rapport d’étape du Plan Cancer 2009-2013 vient d’être publié. Comment réagissez-vous, en tant que syndicaliste à la mesure sur l’anatomo-cytopathologie ?
D’abord, il est évident que les actions menées sont très majoritairement en faveur du secteur public. L’anatomo-cytopatholgie (ACP) est la spécialité incontournable pour le diagnostic des cancers et les choix thérapeutiques. Le secteur libéral représente les 2/3 du diagnostic ACP. Il attend la finalisation d’une véritable revalorisation des actes d’ACP cancérologiques en accord avec l’évolution de leur pratique professionnelle. Ils sont exclus de la gestion des tumorothèques et des plate-formes de biologie molléculaire. Ils ressentent un manque de considération récemment aggravé par la double lecture hospitalière systématique qu’on leur impose sans aucune concertation, alors qu’ils réclament depuis longtemps la consultation de second avis en cas de difficulté diagnostique.

Et sur la radiothérapie ?
Un bon nombre de mesures du Plan Cancer visent à revaloriser la radiothérapie. Je rappelle que les centres de radiothérapie privés sont toujours considérés comme des cabinets et non comme des établissements, ce qui leur interdit le codage PMSI et toutes aides, y compris les MIGAC. Pourtant, la reconnaissance du statut d’établissement était la mesure 1 du Plan Cancer 2003-2007. Elle était prévue pour 2005. Nos dosimétristes, nos qualiticiens, sont en manque de reconnaissance officielle. La nomenclature est en retard pour la prise en compte des innovations qui ne devraient pas en être comme la stéréotaxie, ou la RCMI*. L’environnement technique, le matériel et les locaux nécessaires à la pratique de l’oncologie sont extrêmement coûteux. Je trouve dommage qu’il soit mis fin au Comité national de la radiothérapie, alors même que les mesures des Plans Cancer et des Feuilles de route ne sont pas encore toutes appliquées.

Comment réagissez-vous sur la question de la démographie médicale ?
La démographie médicale pose problème, de façon de plus en plus grave, même si des efforts ont été faits. Celle des libéraux est carrément sinistrée. L’oncologie médicale est toujours rémunérée au K15, comme un acte infirmier ! Le 27 janvier est paru un décret qui vient encore affaiblir cette spécialité : sur la base de la Valorisation d’expérience (VAE), la prescription de chimiothérapie peut être effectuée par d’autres spécialistes que les oncologues médicaux. Cette spécialité est menacée. Autre problème : les molécules qui sortent de la liste en sus en pesant sur les charges des établissements. L’évolution et les financements des réseaux posent question. Bref, il reste beaucoup à faire. La lutte contre le cancer reste un combat qui justifie un engagement fort.

* RCMI : Radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité