Un non-sens économique !

Une campagne chasse l’autre. Que fallait-il attendre du premier grand discours de la ministre Marisol Touraine à Hôpital expo mardi dernier devant un parterre acquis et en pleine campagne des élections législatives ? Une simple confirmation des engagements de François Hollande durant sa campagne. Donc oui, un coup d’arrêt brutal sera donné à la convergence. Si on l’arrête, que fait-on ? Un vrai non-sens économique. Le gouvernement s’assure ainsi une opinion favorable et détourne les yeux des tableaux de bord économiques… Jusqu’à ce que la réalité le rattrape. Car non seulement, la ministre renonce aux 7 milliards d’économies attendus mais le transfert de parts de marché à la clé accélèrera le déficit des comptes publics à coup de 22 % supplémentaires – notre différentiel tarifaire avec le secteur public. Certes un ONDAM annoncé à 3% donnera un peu d’oxygène et donc du temps. Enfin, pour marteler sa préférence, Marisol Touraine veut réintroduire dans la loi la notion de « service public hospitalier« . Cela signifie-t-il que la permanence des soins, pour ne citer qu’elle, sera une affaire de statut et non de compétence ? Il s’agit d’un épisode d’une histoire en cours d’écriture, nous nous chargeons de l’épilogue.

Lamine GHARBI
Président du syndicat national FHP-MCO

Une transversalité appréciée
L’ensemble des représentants du secteur sanitaire a salué la transversalité du nouveau gouvernement des affaires sociales et de la santé. En revanche, le choix de ne pas réserver de ministre délégué à la Santé (ou de secrétaire d’État) intrigue. Marisol Touraine pourra-t-elle gérer « en direct » à la fois les Affaires sociales, les retraites et la santé ? « Au moins, nous serons face à une ministre qui a beaucoup de pouvoir, c’est positif ! » déclarent certains.

Un calendrier au pas de course
Le calendrier « Santé/sécu » des prochaines semaines est bien balisé. Jean-Marc Ayrault a demandé à la Cour des comptes la remise d’ici au 1er juin d’un rapport sur l’état des comptes publics (État, Sécurité sociale, collectivités locales). En juillet s’ouvrira la session extraordinaire du Parlement, qui s’étalera entre le 3 juillet et le 2 août. Le gouvernement arrêtera le projet de loi de programmation pluriannuelle des finances publiques, fixant la trajectoire de retour à l’équilibre budgétaire en 2017. Deux textes majeurs seront votés : la réforme fiscale (loi de finances rectificative) ; et la loi de financement de la Sécurité sociale rectificative qui abrogera la TVA sociale. Dès cet été, l’exécutif s’attellera à la préparation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (2013). L’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) qui devrait être relevé à 3 % (contre 2,5 % cette année), conformément aux engagements de François Hollande. Reste à savoir qui, de la médecine de ville ou de l’hôpital, profitera de ce coup de pouce budgétaire.

Quelle solution aux dépassements d’honoraires ?
François Hollande s’est engagé à encadrer « par spécialité et par région » les dépassements d’honoraires et à limiter les nouvelles installations en secteur II dans les zones surdotées. Avec les syndicats de spécialistes, la négociation annoncée s’annonce explosive. « L’été sera âpre » déclare déjà le président du CSMF. « 88 % des chirurgiens sont en secteur II, défend le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC. Autant dire qu’on ne laissera pas aux syndicats polycatégoriels le soin de négocier l’avenir de la profession à notre place. »

Un patient traceur
Testée auprès de huit établissements de santé, la méthode du « patient traceur », nouvelle méthode d’investigation pour la visite de certification, est « particulièrement bien accueillie« , informe la HAS. Si bien qu’elle a vocation à être généralisée en 2014, précise-t-elle. Elle souhaite en effet faire évoluer les méthodologies de la visite « pour mieux apprécier les facteurs humains et organisationnels qui ont un impact sur le patient« . Le patient est choisi par l’expert-visiteur en concertation avec l’équipe : il présente une situation clinique complexe et se trouve proche de sa sortie d’hospitalisation. L’évaluation ne s’appuie pas nécessairement sur le référentiel.

Le Hcaam pour une médecine de parcours
Selon le rapport annuel du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie, le régime obligatoire ne couvre plus que 55 % des soins courants, à la faveur de la multiplication des forfaits et franchises. « Vous avez trois maladies chroniques en moyenne à 60 ans et six à 80 ans« , souligne le Hcaam. Pour faire face à la montée en puissance des maladies chroniques, le Haut conseil insiste dans son dernier rapport sur la « médecine de parcours ». Il faut « passer d’une médecine pensée comme une succession d’actes ponctuels et indépendants à une médecine qu’on peut appeler de ‘parcours’« , qui requiert un travail plus collectif, entre médecins, personnels para-médicaux et sociaux.

Que pensent les médecins ?
Les résultats de l’enquête réalisée début mai auprès de 803 médecins (402 praticiens hospitaliers, 200 généralistes, 201 spécialistes libéraux) précisent que parmi les trois priorités figurent les déserts sanitaires et l’amélioration des relations ville hôpital. La réduction du nombre d’actes médicaux injustifiés apparaît moins comme une priorité ; à noter toutefois, ceux qui exercent depuis moins de dix ans s’y montrent plus sensibles que leurs aînés. 81 % sont favorables à l’encadrement des honoraires de manière identique en ville, en clinique, et à l’hôpital. Mais en pratique, la suppression des dépassements pour les nouveaux installés en zones surdenses ne recueille en revanche que 47 % d’opinion favorable. Plus de trois médecins sondés sur quatre se disent favorables à l’idée de créer et gérer des maisons médicales dans les déserts sanitaires. La délégation de certains actes et examens techniques simples remporte l’assentiment de plus d’un médecin sur deux (52 %). Le corps médical se montre plus réservé à l’égard du suivi protocolisé de certaines pathologies en consultation par des paramédicaux, sans pour autant rejeter l’idée (45 % d’opinion favorable).

La FHP a attribué ses trophées !
Dans la catégorie « Qualité », c’est l’Hôpital Privé La Louvière qui l’a emporté pour son projet « Paroles d’enfants ». Dans la catégorie « Relations usagers », c’est le CRRF L’eau vive, pour « Prends ma place d’être patient ». Dans la catégorie « Publications médicales », c’est le Nephrocare Tassin-Charcot pour une publication dans Nephrology Dialysis Transplantation qui a été récompensé. Dans la catégorie « Evènements médicaux », c’est la clinique Axium pour son coroscanner à très basses doses, et en « Ressources humaines », l’Hôpital Privé Jean Mermoz pour les « Journées Valeurs Mermoz ». Le trophée spécial du Jury est allé à la Fondation d’entreprise Générale de Santé en faveur du don anonyme et gratuit de cellules souches issues de sang de cordon.