L’efficience des financements comme règle d’or

Comment en arrive-t-on à se réjouir d’un déficit de la branche maladie de 5,2 milliards d’euros ? Evoquer le déficit de la Sécurité sociale ennuierait-il ? Tout le monde connaît le sujet, mais personne ne semble réellement concerné. Seules les générations futures, par définition absentes aujourd’hui, sont choquées.

Réjouissons-nous toutefois, le déficit devrait se réduire de 600 millions en 2016 selon les projections de la commission des comptes de la Sécurité sociale. Si on jongle avec les milliards comme un rien, le déficit de l’Assurance maladie est bien présent depuis 1988 : il s’élevait à 5,9 milliards en 2012 ; 6,8 en 2013 ; 6,5 en 2014 et 5,8 en 2015. Nous progressons… lentement. Pour la sixième année consécutive, l’ONDAM sera respecté. Cette finalité est un non-sens pour beaucoup et la résignation de tous à un tel déficit est inacceptable.

Nos décideurs successifs se sont rapidement désintéressés du sujet, happés par des dossiers politiquement plus porteurs, puis par d’autres carrières. À l’inverse, nous demeurons très concernés. Quand le trou de la sécu se creuse, l’espoir d’un financement équitable de notre activité, comme de celle des médecins libéraux, s’éloigne. Et quand la part de financement des assurances complémentaires augmente, l’inquiétude concernant l’égalité d’accès de nos patients aux soins nous gagne.

Nous avons déjà avancé une solution permettant de garantir le respect de l’équilibre du budget annuel : la politique de l’efficience des financements, tarifs comme subventions. Il serait temps d’ouvrir ce dossier trop vite enterré avec la fin de la convergence tarifaire public-privé, alors même que, selon la Cour des comptes, dès 2011 cette politique promettait 7 milliards d’euros d’économies.

Au lieu d’hypothéquer l’avenir de nos enfants par nos dettes, notre devoir collectif est de leur transmettre une société suffisamment forte pour leur permettre d’affronter les nombreux défis qu’ils devront relever. Les candidats à l’élection présidentielle devront répondre avec courage à la question qui nous brûle les lèvres : comment et par qui seront-ils soignés ?

Ségolène Benhamou
Présidente FHP-MCO