Des chiffres justes mais une analyse erronée

Fin septembre, la DREES publiait une étude intitulée « Les établissements privés sont davantage fréquentés par les catégories sociales aisées ». Un rapport solide, mais au titre désinformateur déjà repris par la presse.

Les personnes hospitalisées en MCO en 2008 en France ont choisi pour 43% d’entre elles une clinique, pour 51% un hôpital public et pour 6% un ESPIC. L’observation du profil social des patients montre ensuite que les cadres et professions intellectuelles supérieures se font soigner pour 66% d’entre eux dans une clinique et que 40% des ouvriers choisissent le secteur privé.

Que nous enseignent ces chiffres ? Certes 66% des catégories aisées choisissent une clinique, mais ils représentent moins de 5%* des patients que nous prenons en charge ! Convenons qu’il est intellectuellement malhonnête de définir un secteur à partir de 5% de son activité. A l’inverse, soulignons que les ouvriers et les employés – qui sont trois fois plus nombreux dans la population française – sont 4 sur 10 à prendre volontairement le chemin de nos établissements. Des cliniques pour les riches ? Les chiffres démontrent le contraire.

Les établissements de santé privés sont implantés tant dans des zones dites « favorables » que « défavorables ». Dans la vraie vie, c’est tout d’abord la tutelle, par la distribution des autorisations et demain par l’organisation de l’offre via les GHT, qui préempte l’orientation des patients, au risque de remettre en cause leur libre choix. Puis interviennent les praticiens de ville qui ont chacun leurs réseaux de correspondants, et enfin, le choix final relève de la décision de l’usager.

Les cliniques, elles, ne choisissent personne et accueillent les patients sans distinction sociale, ethnique, économique.

* La France compte 29 millions d’actifs dont 15% de cadres et professions intellectuelles supérieures. La présente étude indique que 8% des cadres sont hospitalisés, soit à peine 350 000 personnes par an.