Jean-Philippe Brun, trésorier de France Bénévolat

Comment définiriez-vous votre activité, et pourquoi est-elle étroitement liée au secteur de la santé ?
France Bénévolat est une association reconnue d’utilité publique dont le but est de favoriser et de reconnaître l’engagement bénévole associatif pour une citoyenneté active. Et les questions de santé en font pleinement partie. L’étymologie du mot bénévolat révèle deux choses : le vouloir et le bien vouloir. Être bénévole, c’est vouloir le bien. Mais c’est aussi, et c’est important, bien le vouloir, c’est à dire la liberté de s’engager. Les bénévoles dans le secteur de la santé représentent 4 %. Cela peut paraître peu, par rapport au sport, par exemple, où ils représentent 23 %, mais il s’agit tout de même de 600 000 personnes engagées. Et dans le secteur de la santé, les gens sont vraiment engagés. 85 % des heures offertes par les bénévoles dans ce cadre le sont sur la base d’un engagement régulier. Et ce bénévolat augmente régulièrement depuis une quinzaine d’années. Il y a de plus en plus d’associations qui se créent sur la défense des droits des patients, de la famille, par rapport à des pathologies ou des thématiques très pointues.

Traversons-nous actuellement une crise du bénévolat ?
Crise quantitative du bénévolat, certainement pas. Il faut avoir en tête les grandes masses. Dans notre pays, nous avons 15 millions de bénévoles. La moitié sont des bénévoles réguliers, l’autre, occasionnels. L’important est que depuis une demi génération, depuis 15 ans, on constate une augmentation de l’engagement (environ 15 %). Autre nouveauté : le pourcentage de jeunes (24 %) se rapproche de celui des seniors (30 %), lesquels s’engagent d’ailleurs avec une moindre intensité d’heures. Et même si ces jeunes s’engagent volontiers selon des modalités qui ne sont pas pas comprises par tous les responsables associatifs, ils aiment s’engager en groupe, ont plus tendance à zapper, à se livrer à une forme de nomadisme associatif, à réagir immédiatement. Mais ils cherchent du concret, des résultats, et tout compte fait, cet engagement des jeunes représente une masse d’heures très importante, et qui fait sens.
Si crise il y a, c’est celle du renouvellement des cadres dirigeants : les baby-boomers sont depuis longtemps des papy-boomers. Il y a plusieurs années déjà, ils exprimaient souvent l’envie de réduire la voilure, de consacrer moins d’heures au bénévolat et on constate aujourd’hui que ces mêmes personnes sont toujours là. Elles arrivent difficilement à s’arrêter… et ont du mal à confier des responsabilités aux générations montantes, lesquelles sont pourtant prêtes pour cela.

Quelles sont les nouvelles modalités de l’engagement ?
Le bénévolat à distance, ou e-bénévolat, qui boome chez les jeunes. On doit relever leur capacité à se mobiliser par ce biais, pour des causes et pour créer des événements en utilisant les réseaux sociaux, des « apps », etc… Aujourd’hui, chez les jeunes, le bénévolat est valorisant et valorisé. Pour faire la différence entre deux candidatures quand on a 20 ou 25 ans, outre le diplôme, les recruteurs prennent de plus en plus en compte tout ce qui est à côté de l’expérience professionnelle.
Notons que les professionnels de santé sont parmi les bénévoles les plus ouverts à la trans-générationnalité. Ils sont de véritables porteurs de projets, des personnes dans la force de l’âge, « multi-positionnées » qui ont 3, 4 ou 5 casquettes, tout en ayant une activité libérale et en ayant fondé une association qui envoie des médecins à l’étranger par exemple. Je pourrais citer de nombreux exemples. Et cette catégorie d’âge intermédiaire est une catégorie intéressante à concerner pour assurer le lien intergénérationnel. J’enjoins donc les plus de 55 ans à donner des responsabilités aux moins de 40 ans…et aux moins de 25 ans pareillement ! Il y a des instances formelles et informelles au niveau des associations comme le conseil d’administration, les responsabilités d’équipe, qui, si on les utilise et on les comprend bien, sont les meilleurs vecteurs de ces renouvellements nécessaires à la pérennisation des associations.