Trois questions à Dominique Boulangé

dominique boulangé, Présidente des Cliniques Ambroise Paré, Pierre Cherest et Hartmann à Neuilly sur Seine (92)

Quelles sont vos plus belles expériences ?

Ceux qui me connaissent savent que je suis une personne très engagée dans la vie, professionnellement et socialement. Après des études à Dauphine et parce que l’aspect social des métiers de la santé correspondait à mon éthique personnelle, j’ai décidé de devenir infirmière. La soif d’apprendre m’a ensuite motivée à continuer des études tout en travaillant. Après avoir fait une maîtrise de droit à Nanterre, un troisième cycle d’économie de la santé à Dauphine et un DECS aux Arts et Métiers, j’ai pris la direction d’une clinique. Quel bonheur ! Je travaille quotidiennement avec des équipes formidables. Je leur suis reconnaissante de m’avoir suivie il y a 30 ans dans ce qui à l’époque était déjà mon cheval de bataille, mais pas encore une préoccupation fondamentale de l’hospitalisation privée telle qu’on la connaît aujourd’hui : la continuité et de la permanence des soins. J’évoquerai le travail de 25 ans à la Clinique Ambroise Paré, établissement vétuste de taille modeste avec ses 60 salariés, devenu une clinique ultra moderne de plus de 500 salariés et de 300 médecins regroupant des spécialités de hautes technicités et des équipes de grande valeur reconnues par tous. Nous accueillons également dans tous les métiers un nombre très important de jeunes en apprentissage. Donner une chance, transmettre notre savoir ont toujours été, pour moi, une volonté et une priorité.

Quels sont vos plus gros échecs?
Je me suis toujours battue pour la cause de nos patients en leur offrant un bel établissement, un service hôtelier de qualité et un plateau technique de pointe. Mon grand regret est de n’avoir pu contenir les dépassements d’honoraires de nos praticiens. C’est l’épine dans mon talon. Le rapprochement de nos trois cliniques : Ambroise Paré, Pierre Cherest et Hartmann sur un nouveau site de plus de 350 lits et places à l’horizon 2014 nous permettra de travailler sur une charte d’encadrement. Fort heureusement, en cardiologie, activité pour laquelle nous sommes centre de référence sur notre territoire qui couvre deux extrêmes en termes de patientèle, de Nanterre à Neuilly, nos praticiens sont en secteur I.

Quelles réflexions vous inspire l’actualité ?
La santé en France est perçue comme un coût et non comme un investissement. Je pense qu’il faut arrêter de nous, et de se culpabiliser. Nous sommes, tous secteurs confondus, public et privé, comptables des deniers de la Sécurité Sociale. A savoir, bien gérer et optimiser chaque euro, ce qui n’est pas toujours le cas. Permettre aux patients de reprendre une activité, leur redonner la santé et le bonheur de vivre est une valeur ajoutée économique qui est rarement prise en compte. Paupériser le monde de la santé privée aura comme impact de stériliser les investissements nécessaires pour répondre aux besoins de la santé publique de demain. Comme disait Marx, les bénéfices sont nécessaires, il faut juste décider de leur finalité.