Trois questions à Marc Levesque

Marc Levesque, Directeur de la Clinique d’Aguilera à Biarritz (64), groupe Générale de Santé

Quelles sont vos plus belles expériences ?

Continuer à améliorer les performances d’un établissement, dans le contexte connu ces dernières années, avec des tarifs qui n’évoluent pas et des règles de facturation qui changent sans cesse, constitue, je pense, une réussite. Ce métier, c’est pour moi, de ce fait, donner le meilleur de soi-même en permanence et fédérer. L’aspect humain avec ses multiples facettes : fédérer les équipes d’encadrement, faire progresser les jeunes collaborateurs, faire émerger des talents est source d’une énorme satisfaction. D’autre part, j’ai la chance d’entretenir d’excellentes relations avec certains de nos médecins qui m’ont d’ailleurs initié à leur science et ont partagé leur savoir avec moi, ce qui se révèle d’ailleurs fort utile lors de la création de projets médicaux. J’ai à leur contact énormément appris de choses sur la médecine, sur le sens à donner à mon métier et c’est tout simplement passionnant.

Quels sont vos plus gros échecs?
Nous nous sommes engagés avec 2 autres cliniques et un CH, à l’instigation de la précédente ARH, à un regroupement de l’activité de cardiologie interventionnelle du territoire de Bayonne. Je suis personnellement assez pessimiste en ce qui concerne la phase transitoire de ce projet, qui prévoit un regroupement d’activité sur deux établissements distincts pendant 3 ans. Pour moi, il y a un risque de régression, l’installation sur le site du CH se faisant dans des locaux trop distants les uns des autres, non adaptés et peu homogènes, avec des coûts de fonctionnement lourds. Dans l’esprit de la coopération sanitaire, on devrait faire mieux, ensemble. Je crains qu’en ce qui nous concerne, ce ne soit malheureusement pas vraiment le cas.

Quelles réflexions vous inspire l’actualité ?
La loi HPST va foncièrement mélanger les cartes et changer la donne pour l’ensemble des acteurs de santé. Pour ce qui est des missions de service public, le secteur privé devrait y gagner avec leur redéfinition et un élargissement des acteurs pouvant les assurer. Avec la mise en place des ARS, nous pouvons craindre une perte d’autonomie des régions, et de fait une place plus réduite pour l’hospitalisation privée, avec des Conférences régionales de la santé et de l’autonomie, qui ne sont que des organismes consultatifs où nous serons peu représentés. D’autre part, la possibilité pour les hôpitaux de recruter des praticiens libéraux va nous rendre la tâche plus compliquée. Enfin, le rôle des CME va évoluer et la question de leur structuration et de leur professionnalisation, mais aussi du dédommagement de leurs présidents reste posée de manière plus aiguë. Plus généralement, nous sommes soumis à des contraintes toujours plus drastiques, qu’elles soient d’ordre tarifaire ou réglementaire, et confrontés à un manque de visibilité. Sur ce dernier point, je pense notamment au traitement qui sera appliqué aux dépassements des OQOS par exemple. Le vent que l’on sent poindre est plutôt contre nous mais personnellement je m’inscris dans la durée et ma motivation à renforcer mon établissement et défendre les intérêts de notre profession s’en trouve décuplée.