Trois questions à Claude Rambaud

claude rambaud, Présidente de l’association Le Lien, association d’aide aux victimes d’infections contractées dans une clinique ou un hôpital

Quels sont les enjeux de la gestion des risques dans le secteur hospitalier privé ?

Parler de gestion des risques médicaux, c’est toucher à toute une culture où le silence prévaut au détriment de l’intérêt du patient. En France, sur 30 000 décès par an (selon les évaluations de l’Alliance mondiale pour la sécurité du patient – OMS) liés à cette contradiction inhérente à l’hôpital que sont les infections nosocomiales et les accidents médicaux, 1/3 seraient évitables. La gestion des risques est essentiellement une question de management et parfois aussi de bon sens : penser à se laver les mains par exemple. Mais si la gestion des risques est évidemment au cœur des préoccupations aussi bien des tutelles que des professionnels de santé, je suis d’avis qu’il faut aller encore bien plus loin et promouvoir la ‘maîtrise’ des risques. En effet, ‘gérer’ les risques ne veut pas dire les ‘maîtriser’. Pour y parvenir, il est impératif d’avoir un engagement fort de la part des directions d’établissements. Le gestionnaire des risques devrait pouvoir travailler en plus étroite collaboration avec le directeur, de manière à ce que les engagements se traduisent dans les faits. De nombreux présidents de CLIN se plaignent aussi du manque d’autorité mis à leur disposition et de l’étroitesse de leur marge de manœuvre. Je pense donc que notre système de santé actuel, malgré les avancées faites ces dernières années, a encore de gros progrès à faire dans les domaines suivants : engagement des directions d’établissements dans la gestion des risques, transparence envers l’administration et les patients, notamment en ce qui concerne la déclaration des accidents médicaux, la prévention des infections nosocomiales et l’éducation à la santé.

Quelles peuvent être les contributions des cliniques et hôpitaux privés dans ce combat ?
Elles peuvent être multiples, mais toute autorisation d’exercer une activité MCO devrait à mon avis être assortie d’une obligation de consultation en matière d’éducation à la santé, afin que le patient ressorte enrichi de son séjour à l’hôpital. On est en pleine évolution : de plus en plus d’établissements mènent de multiples actions, mais il faut aller encore plus loin et introduire réellement une culture de santé publique en établissement de santé. Par ailleurs, une meilleure maîtrise des risques liés aux soins ne peut être que bénéfique pour les patients, les personnels et les établissements.

En perspective du Congrès avec les représentants des usagers de la FHP-MCO le 14 septembre 2010, quels messages aimeriez-vous faire passer?
Les professionnels de santé doivent veiller à la garantie de l’accès aux soins pour tous. Avec les dépassements d’honoraires, secteurs privé et public confondus, nous sommes en rupture d’égalité d’accès aux soins et c’est inacceptable. D’autre part, les patients et associations de patients sont confrontés au quotidien à des dossiers patients très mal tenus alors que c’est un élément primordial de la qualité de la prise en charge. Enfin, il est impératif de donner plus de moyens aux gestionnaires des risques, qui doivent travailler en collaboration plus étroite avec les directeurs.