Trois questions à Daniel Sainte-Croix

Daniel Sainte-Croix, Directeur de la Clinique Notre Dame à Thionville (57), Groupe Médi-Partenaires

Quelles sont vos plus belles expériences ?
Mon parcours est celui d’un infirmier spécialisé en anesthésie réanimation
qui s’est très vite intéressé au fonctionnement de son outil de travail et en particulier du bloc opératoire. Je me suis vu confier par mon premier directeur une mission de management d’une activité opératoire en plein développement, se concrétisant par un passage de 3 à 30 praticiens en quelques années. S’en est suivi une formation en institut de cadre de santé, un poste d’infirmier général et, à 49 ans, un master en ressources humaines qui m’a conduit à prendre la tête d’une clinique, après diverses missions dont celles d’expert visiteur à la HAS, de consultant, de formateur en Instituts de formation de cadres de santé ainsi qu’un poste lié à la gestion des risques. Je dirige la Clinique Notre Dame depuis 2009 et j’ai l’impression d’être arrivé à bon port, même si cela ne constitue pas un aboutissement, mais simplement une quête logique de progression et de réalisation de soi. Plus prosaïquement, je suis heureux d’exercer une profession à laquelle je n’étais pas réellement prédestiné, ni par vocation, ni, comme dirait BOURDIEU, par habitus.

Quels sont vos plus gros échecs?
J’ai vécu une année très éprouvante dans le cadre du premier poste de direction que j’ai occupé avant de prendre la direction de la Clinique Notre Dame, avec une gestion difficile liée aux désaccords de plusieurs parties et à la vacation de certains postes clés. J’ai beaucoup œuvré à essayer de rétablir le dialogue, et à réorganiser l’établissement, notamment au niveau de la prise en charge des patients ambulatoires. Un plan d’action qualité soutenu par la MEAH a permis de réaliser la création d’un salon ambulatoire, d’échelonner les arrivées patients, d’optimiser la planification des actes opératoires et d’améliorer la prise en charge par des plans de soins guide. Un grand travail d’audit a été réalisé ainsi que des actions d’améliorations planifiées. Même si leur mise en œuvre reste contrainte par l’humain et sa capacité à s’intégrer à une organisation, je pense que ces projets m’ont permis de poursuivre mon apprentissage de chef d’orchestre…

Quelles réflexions vous inspire l’actualité ?
J’ai, comme beaucoup, de grandes inquiétudes. Je pense que la logique comptable, la loi de Bercy, avec une évolution de l’ONDAM contrainte, l’absence d’augmentation des tarifs de l’hospitalisation privée et celle, constante, de nos charges, les réticences à la mise en place d’un tarif unique public privé, nous mettent dans des situations de management difficiles. La loi HPST octroie à mon sens un traitement plus favorable à l’hôpital public et les problèmes liés aux statuts des praticiens ne font que commencer. L’avenir appartiendra à ceux qui sauront attirer les talents et mobiliser les énergies. Toutefois, et c’est l’aspect positif de certaines réformes en cours, on assiste dans les établissements à une forme de décloisonnement des instances et de la gouvernance. Les différents acteurs sont obligés de se mobiliser ensemble, autour de thématiques communes, telles que les démarches qualité, l’évaluation des pratiques, la gestion des risques, le développement durable. Dans les aspects positifs, toujours, j’ajouterais mon appartenance à Médi-Partenaires, un groupe très dynamique qui offre aux directeurs des marges d’autonomie satisfaisantes, et des instances supports permettant d’exercer notre métier dans les meilleures conditions.