Trois questions à Françoise Amalric-Deroche

Françoise AMALRIC-DEROCHE, Directrice de la Clinique Trenel à Sainte Combe les Vienne (69)

Quelles sont vos plus belles expériences ?
Il y a 5 ans, j’ai fait un grand saut puisque je suis passée de la direction d’établissements SSR privés à but non lucratif à la direction d’une clinique MCO. Actuellement, j’ai le sentiment de vivre les plus beaux défis de ma carrière. Nous gérons une très forte croissance et expérimentons un changement d’échelle. En même temps, nous ne voulons pas perdre notre âme, notre histoire, notre approche des soins et la qualité des rapports à la personne- patients, salariés et praticiens. J’espère que ma plus belle expérience est à venir, avec la construction d’un nouveau bâtiment, l’agrandissement des plateaux techniques et des services de soins et l’augmentation du nombre des salariés. Je mets tout en œuvre, avec l’aide de l’équipe d’encadrement, pour que tout le monde « arrive à bon port ». Ce sera ma plus belle et probablement dernière grande expérience !

Quels sont vos plus gros échecs?
Je regrette que la fermeture de notre maternité en janvier 2006, prévue depuis plusieurs années dans le cadre d’une recomposition du territoire de santé, n’ait pas pu se passer plus sereinement pour nos salariées. Je n’étais directrice de la clinique que depuis un an et je ne suis pas arrivée à imposer un processus plus participatif. Nous avons exprimé nos remerciements aux sages-femmes et aux auxiliaires de puériculture pour le travail accompli. Toutefois, malgré la reprise d’une partie du personnel par le centre hospitalier voisin, nous aurions dû organiser les choses plus officiellement, en présence des autres personnels et des praticiens. Mais ce genre de situation est tellement difficile à vivre pour les personnes que je ne sais pas vraiment si cela aurait atténué leur ressentiment.

Quelles réflexions vous inspire l’actualité ?
Je reste très sceptique sur les critères d’attribution des MIG et des subventions Hôpital 2012. Le manque de rationalisation et d’objectivité des choix en matière d’autorisation dans les territoires de santé a déjà été pointé par l’IGAS.
Le secteur optionnel pose question aux praticiens. Leurs réactions sont variées mais certains commencent à intégrer les règles pour le « futur », notamment l’obligation de prendre en charge des patients en secteur 1 en cas de monopole d’une spécialité dans un territoire de santé.
Sur un plan plus général, c’est un défi quotidien pour les directeurs d’établissements sanitaires de tracer une route entre les précipices de la non-qualité et les parois abruptes de l’hyper-réglementation, avec les différents virages de notre tarification… D’autant que nos praticiens préfèrent l’autoroute, et sans radar ! Les nouvelles réglementations, souvent positives pour le patient, sont difficiles à mettre en œuvre dans un établissement de taille petite ou moyenne. Aujourd’hui : nouveau défi amusant : comment expliquer au PDG, chirurgien, que son aide-opératoire attitrée (salariée), membre du CHSCT, part 3 jours pour la formation aux risques NRBC ?! Néanmoins nous avançons, et avec bon nombre de praticiens, même si le changement culturel imposé par la V 2010 va provoquer quelques avalanches … de protestations !