Trois questions à Marie-Hélène Riocreux

Marie-Hélène RIOCREUX, Directrice de la Polyclinique de Rilleux (69)

Quelles sont vos plus belles expériences ?
Ma plus belle réussite est d’avoir œuvré à accroître les compétences
et la notoriété d’une clinique qui était à mon arrivée, en 1989, un établissement de moyenne importance. Je le dirige depuis 13 ans et j’en suis à mon 5ème projet de rénovation ou d’extension, des projets tiroirs comme je les appelle où l’on commence par un bout pour finir par l’autre, tout en déplaçant les services au fil des travaux. 2010 verra l’inauguration d’un nouveau bâtiment de 5500 m2 pour un total de 170 lits et places avec des autorisations et des lits supplémentaires. Nous avons largement intégré le volet développement durable dans notre concept avec des toitures végétalisées, des pare-soleil en terre cuite afin d’optimiser l’isolation et faire des économies de climatisation en été et une chaudière gaz à condensation. J’apprécie beaucoup de pouvoir me projeter sur le très long terme dans un projet. Notre prochain chantier sera l’installation de l’IRM en coopération avec d’autres établissements proches et la construction d’un étage supplémentaire sur le bâtiment de consultations.

Quels sont vos plus gros échecs?
Il y en a eu plusieurs. Avant la T2A, notre établissement était moins tarifé que les autres et nous avions de sérieux problèmes financiers suite à la mise en place des 35 heures. Nous avons dû financer la rénovation de notre service d’urgence sans emprunt, les banques ayant refusé de nous suivre, et faire patienter les créanciers, etc… La T2A nous a été heureusement favorable vu le type d’activités que nous assurons, chirurgie lourde, cancérologie, soins palliatifs et nous a permis de nous redresser financièrement et de racheter nos murs. Mais avec un investissement à hauteur de 16 millions d’euros que nous venons de faire, restons prudents. D’autre part, nous ne savons pas si nous pourrons garder sur le moyen terme notre maternité, où nous accueillons 600 naissances par an. Ce service est déficitaire pour nous mais nous offre une excellente vitrine pour nous présenter et fidéliser notre patientèle, mais souffre aussi de l’énorme concurrence de l’hôpital au Nord de Lyon. Je crains que, lors de leurs départs en retraite, nous ne puissions remplacer nos obstétriciens.

Quelles réflexions vous inspire l’actualité ?
Nous avons d’énormes difficultés de recrutement médical, et notamment d’obstétriciens et d’internistes. Certains médecins actionnaires freinent la venue de confrères et la loi HPST n’est pas en notre faveur. Les médecins ont des exigences qui se basent sur ce que l’on propose à l’hôpital, les 35h, les RTT, etc.. Pour tenir un poste il faut en moyenne 5 personnes. D’autre part, la rémunération des missions transversales et des astreintes nous met dans une position difficile, il va pourtant bien falloir suivre. Nous sommes coincés à ce niveau là. Au niveau des ARS dans notre région, c’est le flou artistique. Affaire à suivre donc…