Trois questions à Jean-Michel Verdu

Jean-Michel Verdu, Directeur de la Clinique Saint-Louis – Saint Michel à Rodez (12)



Récemment quelle est votre plus belle réussite?
En arrivant il y a 25 ans à la Clinique Saint-Louis de Rodez, la ville comptait, en sus de l’hôpital public, deux cliniques privées. Suite à un dépôt de bilan, l’autre clinique céda son plateau technique médical à l’hôpital public et mon travail durant ces années a consisté à adapter sans cesse mon outil de travail à notre environnement. Je dirais donc qu’avoir eu la chance de pouvoir appréhender les virages et tirer le meilleur des évolutions est certainement une forme de réussite. Nous allons d’ailleurs inaugurer fin 2010 un nouveau bâtiment qui regroupera la radiologie, un IRM, un scanner, un laboratoire de biologie médicale ainsi qu’un nouveau service de soins de suite spécialisés. Au-delà, notre capacité d’adaptation nous mènera peut-être à ouvrir davantage de lits de SSR et à développer des coopérations avec l’hôpital pour l’activité de chirurgie. 

Quel est votre échec le plus cuisant ?
Un échec, relatif, est pour moi le turnover des praticiens. Il est parfois très difficile de maintenir les équipes chirurgicales et médicales dans le contexte actuel de démographie médicale défavorable. Nous avons dû par exemple fermer notre maternité en 2001 par manque de pédiatres. On ne peut que déplorer la diminution constante des formations des jeunes médecins ces dernières années, d’autant plus qu’il faut plus de 10 ans pour former un spécialiste. D’autre part, les jeunes praticiens préfèrent travailler en équipe et privilégient donc les grands centres urbains, ce que l’on peut aussi comprendre.

Quelle est la question d’actualité qui vous interpelle ?
Au travers des discussions avec les ARS nouvellement installées, on peut noter une approche très économique des problèmes de santé, ce qui sans doute, posera des difficultés pour répondre aux besoins de proximité de la population. La question de l’avenir des cliniques situées dans des villes moyennes, souvent victimes du nomadisme vers des centres plus importants d’une population qui reste cependant très attachée au libre choix de proximité entre les secteurs public et privé, est certainement posée. Pour exemple, la Clinique Saint-Louis qui dispose d’une centaine de lits peut être aujourd’hui considérée comme un petit établissement qui doit faire face à des réalités bien différentes que celles d’établissements de centres urbains plus importants. Les nouvelles ARS ont apparemment des feuilles de route contraignantes en termes de rationalisation des soins et de limitation des dépenses de santé. Les anciennes ARH avaient plutôt une fonction d’aménagement du territoire et de rationalisation des services de l’État. Dans ce contexte, nous devons avoir une approche prospective vis-à-vis de nos établissements de santé privés, à la fois générale et locale. Réunir nos forces, être solidaires et affirmer une unité syndicale forte de nos établissements afin de pouvoir continuer à proposer une offre de soins adaptée à notre population, tels doivent être nos objectifs.