Trois questions à Gérard Delorme

gérard delorme, Directeur de la Clinique Saint Odilon à Moulins (03)

 

Quelles sont vos plus belles expériences ?
Je vais fêter mon départ à la retraite dans 2 semaines et j’aurais préféré m’arrêter progressivement, mais ce métier m’aura tenu en haleine jusqu’au bout et j’ai l’impression d’avoir fait l’apprenti toute ma vie. J’ai vécu de grands moments au cours de mes 33 ans d’exercice à la tête de ma Clinique, dernière indépendante de notre région, avec notamment 3 rachats et regroupements, pour un total de 139 lits et places, et son installation dans de nouveaux bâtiments en 1989, agrandie en 1992 et 1995. Lors de la phase de conception, nous nous sommes beaucoup inspirés de modèles américains, assez avant-gardistes à l’époque, et qui proposaient par exemple des couloirs périphériques pour des circuits fermés où propre et sale ne se croisent pas. Nous avons également très tôt misé sur la chirurgie ambulatoire qui comptait 11 lits en 1991 et nous aurions pu, à postériori, voir encore plus grand. Plus récemment, nous avons ouvert un centre de radiologie attenant avec un scanner et nous avons d’autres projets en cours que je confierai à mon successeur.

Quels constats faites-vous ?
Nous avons échoué à pouvoir conserver notre maternité en 1988, victimes du pouvoir de l’hôpital qui s’est ardemment battu pour conserver la sienne, alors que nous accueillions autant de naissances qu’elle et que nous allions nous regrouper avec une clinique ayant elle aussi une maternité. La DASS nous avait fait des promesses en contrepartie qui n’ont jamais été tenues. Dans un autre domaine, l’ARH nous a retiré notre autorisation cancer du sein, sous prétexte que nous n’avons pas de maternité – quel rapport ? – alors que nous détenions 2/3 de l’activité sur notre secteur et que nous en faisons depuis 50 ans. Nous avons fait appel à la Ministre et au tribunal administratif. Nous sommes clairement victimes des mesures de rationalisation des activités, au même titre que les urgences.

Quelles réflexions vous inspire l’actualité ?
Mes considérations sont d’ordre tarifaire. En sus des problèmes de T2A, le secteur privé n’a pratiquement pas droit aux MIGAC dans notre région, si ce n’est pour obtenir des petites allocations en marge. Nous sommes systématiquement lésés. La V11 nous a fortement pénalisés. Dans le cadre du CROS, on voit bien que les décisions sont déjà prises en amont. L’aspect positif de nos difficultés et que les deux groupes de cliniques de notre région se sont unis à notre Clinique pour que notre recours auprès du tribunal ait plus de poids. A l’heure où le manque de cohésion et de solidarité entre les acteurs du secteur privé est souvent montré du doigt, cette attitude est d’autant plus louable.