Trois questions à Olivier Rit

olivier rit, Directeur de l’Hôpital Privé Clairval à Marseille (13), groupe Générale de Santé, membre du CA de la FHP-MCO

Quelles sont vos plus belles expériences ?
C’est une grande satisfaction pour moi que d’exercer ce métier de directeur, où l’on doit composer avec des exigences médicales – répondre aux attentes du patient, être à la pointe d’un point de vue médical et technique – et des exigences économiques et stratégiques. Par ailleurs, nous travaillons avec des équipes de professionnels ouvertes et passionnées, c’est très enrichissant. Je suis arrivé à l’Hôpital Privé de Clairval en 2008 et j’y ai découvert des filières de prise en charge lourdes et plutôt rares dans le privé, qui impliquent une forte coopération médicale, comme l’ORL en oncologie ou la chirurgie cardiaque. Je me suis efforcé de développer ces filières préexistantes, et nous avons passé par exemple le cap des 9000 séances de chimiothérapie par an, nous avons obtenu la reconnaissance pour l’implantation de valves aortiques percutanées, ce qui nous confère une réelle crédibilité médicale et nous permet d’être un acteur majeur de nos spécialités (oncologie, cardiovasculaire, neurochirurgie) sur notre territoire. 

Quel échec avez-vous vécus ?
En 1999, la clinique que je dirigeais a subi de plein fouet un mouvement de grève des sages-femmes massivement suivi chez nous. Notre maternité a dû être évacuée dans sa totalité et j’ai été dans l’impossibilité de pouvoir réquisitionner. Cela a été pour moi une réelle épreuve, mêlée à un sentiment de frustration très fort. La situation était tendue. A une moindre échelle, nous avons à gérer au quotidien des conflits personnels entre les praticiens et l’on a parfois du mal à faire valoir le principe d’efficacité et le bon sens…mais cela fait partie du métier.

Quelles réflexions vous inspire l’actualité ?

Je suis agacé par la confusion qui est faite parfois entre les besoins de santé publique et les intérêts de l’hôpital public. Nous nous sommes longtemps accommodés de cette confusion car nous avions tous suffisamment d’opportunités pour nous développer. La logique voudrait qu’il y ait un état des lieux objectif avant l’octroi d’autorisations et de financements, mais, dans la pratique- et le nouveau dynamisme de l’hôpital ne fait que renforcer cette tendance -, l’hôpital passe avant les cliniques. Sur Marseille, l’AP-HM tente d’occuper le terrain de façon exclusive sans tenir compte de l’apport réel des autres établissements. Nous attendons donc avec vigilance les planifications à paraître cette année, comme le nouveau schéma régional de Permanence Des Soins Hospitalière ou le volet cardiologie du SROS. Je pense que le secteur privé doit continuer à rester dynamique et créatif en prenant en compte les besoins de santé de la population, dans la prévention par exemple, qui reste le parent pauvre de la santé en France.