Assurance-maladie : la FHP-MCO dénonce l’accumulation irresponsable de déficits colossaux

(communiqué de presse)

Le dernier exercice bénéficiaire de l’assurance-maladie remonte à… 1988 ! De 2007 à 2011, les déficits accumulés totaliseront 42 milliards d’euros…

La convergence tarifaire aurait permis d’économiser 12 à 15 milliards d’euros par an

 

La FHP-MCO, 1ère fédération française de cliniques et hôpitaux privés spécialisés en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO), dénonce avec vigueur l’accumulation insensée et irresponsable année après année des déficits de l’assurance-maladie qui met en danger le financement pérenne de la santé des Français.

« Nous sommes consternés de voir que l’on puisse se réjouir d’une « embellie » sur le front du des comptes de l’Assurance-maladie, alors qu’on sera encore cette année sur un déficit de plus de 10 milliards d’euros », déclare Lamine Gharbi, président de la FHP-MCO, en réaction à la publication des comptes 2010 de la Sécurité sociale.

« L’assurance-maladie n’a pas été excédentaire depuis… 1988. Les plans se succèdent mais elle continue d’accumuler des déficits colossaux : 91 milliards d’euros cumulés depuis 1998. Sur les cinq dernières années, y compris la prévision 2011, on sera à 42 milliards d’euros de déficit [1] ! C’est insensé et totalement irresponsable. Si nous gérions nos cliniques et hôpitaux privés de cette manière, nous serions tous déjà en faillite et il n’y aurait plus de secteur hospitalier privé en France », affirme le président de la FHP-MCO, qui regroupe 700 cliniques et hôpitaux privés en France.

La publication des comptes  2010 de la Sécurité sociale coïncide avec la publication par la commission assurance-maladie de l’Académie de médecine d’un rapport soulignant les « très importants gisements d’économie » qui existent dans les établissements hospitaliers. Il suggère notamment de diminuer les effectifs de personnel administratif et de redéployer le personnel soignant affecté à ces postes.

Le pourcentage de personnel soignant est de 37% dans le secteur hospitalier privé, contre 17% à l’hôpital public. « La gabegie se poursuit à l’hôpital public, alors qu’on pénalise le secteur le plus efficient, les cliniques et hôpitaux privés, qui subissent une tarification des actes hospitaliers inférieure en moyenne de 26% à celle du public et qu’on bloque les honoraires des praticiens. C’est une atteinte au libre choix des patients et une situation non seulement discriminatoire mais contraire au droit européen », souligne le président de la FHP-MCO.

La FHP-MCO continue de réclamer la mise en place d’un tarif unique afin de rétablir une égalité de traitement entre établissements hospitaliers publics et privés.

« Nous dénonçons le surcoût injustifié imposé à la Sécurité sociale par les différents tarifs entre le privé et le public: pourquoi une prothèse de hanche pour traumatismes récents coûte à la Sécurité sociale 6.881 € à l’hôpital public et seulement 5.436 € dans une clinique ? Pourquoi le traitement d’une embolie pulmonaire de niveau 2 coûte à la Sécurité sociale 4.044, € à l’hôpital public et seulement 2.545€ dans une clinique ? », interroge Lamine Gharbi.

Le pilotage technocratique du système de financement au mépris de la bonne gestion financière des comptes sociaux empêche de réorienter l’offre de soins là où sont les besoins. « Le pire, c’est que personne n’en parle. Ni les médias ni les politiques ni le Parlement, qui prennent bien soin de ne pas évoquer cette impéritie majeure », regrette Lamine Gharbi. « Nous prenons les parlementaires et les Français à témoin car, au final, il ne faut pas se leurrer, ce sont les contribuables ou leurs enfants qui vont trinquer et qui paieront la dette accumulée: il faudra bien soit augmenter encore la CSG soit rationner l’offre de soins ».

Le président de la FHP-MCO déplore enfin que le gouvernement ait décidé en 2009 de reporter la convergence tarifaire de 2012 à 2018. « Nous aurions pu réaliser de 12 à 15 milliards d’euros d’économies chaque année. Mais le gouvernement a fait le choix de l’irresponsabilité », rappelle Lamine Gharbi.


[1] Source: Commission des comptes de la sécurité sociale, rapports 2011 et antérieurs; graphique Alain Coulomb Conseil.