Comment faire face à l’augmentation de la population âgée et au manque de place dans les EHPAD : doit-on privilégier les conversions de structures hospitalières en établissements médico-sociaux ?
Les tutelles poussent à renforcer l’offre d’hébergement pour les personnes âgées, et de son côté, l’IGAS pointe l’immobilisme des établissements de santé – car cette proposition est loin de faire l’unanimité. En trois points clés, Monique Rolland, Directrice régionale du groupe Korian en Rhône-Alpes, nous explique pourquoi ce n’est peut-être pas la solution idéale.
Un hôpital n’est pas à proprement parler un lieu de vie
La structure architecturale même d’un hôpital, avec des unités importantes, des couloirs, des espaces communs réduits… ne permet pas de recréer un véritable lieu de vie pour les personnes âgées.
En revanche, les EHPAD sont conçus pour permettre aux personnes qui y vivent de s’approprier les lieux et d’y prendre de nouveaux repères. Les établissements du groupe Korian spécialisés dans l’accueil de personnes âgés prennent en charge au maximum de 80 à 100 résidents, séparées en petites unités de vie, et toujours entourées des mêmes soignants. Ce qui est difficilement concevable dans un hôpital.
… mais un EHPAD n’est pas non plus un hôpital
Les soins à domicile étant de plus en plus développés, une personne âgée entre en établissement médicalisé au stade où elle a besoin de soins lourds, notamment pour des troubles cognitifs – quand ils ne sont pas accompagnés d’autres pathologies.
Un EHPAD est médicalisé, mais les équipes ne sont pas en mesure de faire face à toutes les situations. Il y a donc beaucoup de partenariats développés avec des établissements équipés aux alentours comme des services ou équipes mobiles de gériatrie, des services d’HAD… Ce qui permet de dispenser les soins nécessaires, si possible à l’intérieur même du lieu de vie.
… et il y a aussi des évolutions à penser dans les EHPAD
La question de l’hébergement des personnes âgées dépendantes entraîne avec elle, celles de l’aide aux aidants et de l’accompagnement de fin de vie.
En ce qui concerne les aidants, l’EHPAD pourrait devenir un lieu de séjour de courte durée pour des personnes âgées dépendantes maintenues à domicile. L’idée serait de permettre aux aidants des périodes de répit pendant lesquelles leur proche serait pris en charge en établissement médicalisé. Ces séjours seraient l’occasion de faire le bilan avec la famille.
D’autre part, on peut considérer que pour beaucoup de résidents, l’EHPAD est le dernier lieu de vie. C’est un fait à prendre en compte, qui pousse les structures médicalisées à organiser une offre de soins palliatifs pour éviter aux personnes d’être orientées vers d’autres structures.