Gérer un patient violent aux urgences

La violence peut se réveiller chez quelqu’un dans n’importe quelle structure où il y a de l’attente. Et d’autant plus dans un établissement de santé dont l’attente, même moindre que dans les S.U publics, est moins bien admise en cas d’urgence.


Les établissements de santé privés peuvent disposer de services d’urgences depuis une petite vingtaine d’années et ont été intégrés à la carte sanitaire avec les mêmes patients violents, et de fait, avec les mêmes contraintes financières et obligations d’équipement que les établissements publics : vidéosurveillance, vigiles, formation des personnels, organisation de réunions de concertation entre médecins, administrateurs et services d’ordre… Ce qui a bien entendu un coût.
« On n’observe évidemment pas les mêmes réactions dans une file d’attente à La Poste et dans un service d’urgences, mais l’attente dans le domaine de la santé est un prétexte pour protester et devenir violent« , rappelle le Dr Fribourg, médecin urgentiste à l’hôpital privé de l’Ouest parisien.

Un médecin urgentiste n’est pas formé à la self-défense, ni aux sports de combat… Il n’a d’ailleurs pas à maîtriser de force un patient. Il est en revanche formé pour faire face aux situations critiques. Par exemple, depuis plusieurs années, le Congrès de la Société Française de Médecine d’Urgence est un lieu d’échange et de formation sur ce thème auquel les équipes de médecins urgentistes sont invités.

« Chaque situation est unique et ne peut pas être écrite à l’avance. C’est l’expérience du médecin qui entre en jeu pour y faire face. Nous n’avons pas le droit de nous retrancher systématiquement derrière un appel à la police, nous avons les moyens d’intervenir de façon médicalisée », indique le Dr Fribourg.
Il s’agit parfois simplement d’isoler le patient de la salle d’attente pour qu’il se calme : « Un patient ne devient pas violent d’un coup, on sent les choses venir. Un peu comme on l’observe chez les personnes qui font une scène dans un restaurant, elles se donnent en spectacle et s’arrêtent quand elles n’ont plus d’auditoire. Nous devons aussi nous adapter selon que le patient est alcoolisé ou non… Il s’agit, pour l’urgentiste, de mettre à contribution son sens de la psychologie pour ouvrir le dialogue et désamorcer la situation. Un médecin urgentiste n’est de toutes façons jamais seul face à un patient, il travaille en équipe ».

Le Dr Fribourg rappelle enfin que médecin urgentiste, c’est une profession à risque : « on peut être – exceptionnellement – confrontés à des personnes violentes, on a aussi souvent, roulé à des vitesses élevées en intervention Samu… mais tout ça fait partie du métier. Si on se met à trop y penser, on ne fait plus rien ! ».