Depuis la réforme qui a instauré le secteur II en 1981, le ‘tact et la mesure’ recommandés ont largement été oubliés. Les dépassements d’honoraires créent des inégalités d’accès aux soins. Aujourd’hui, il n’y a quasiment plus de chirurgiens en secteur 1. Les patients se demandent comment ils vont payer… Bien sûr, il existe une obligation légale d’établir un devis. Cependant, dans la réalité, ce n’est pas toujours le cas… La relation patient / médecin est une relation de confiance, pas de négociation. Et quand un praticien demande un dépassement trop important, ce n’est plus la sécu, mais les complémentaires qui portent le coût du soin. Le secteur II inverse la logique du remboursement : quand un médecin de ville facture sa consultation 60 euros, les complémentaires remboursent plus que la part de la sécurité sociale. Nous sommes parfois le payeur essentiel. Il faut retrouver une certaine opposabilité. Le secteur optionnel pourrait être un moyen si il contient des contreparties en termes de qualité notamment. Pour autant, il ne doit pas servir à bloquer la réévaluation des tarifs de la sécurité sociale. Ce serait totalement contre-productif.
Les tarifs de certains actes de chirurgie n’ont pas été réévalués depuis 1961… N’est-ce pas une explication des dépassements d’honoraires ?
C’est cependant aussi à relativiser : les spécialistes évoquent toujours l’absence de réévaluation des tarifs… A ce sujet, je vous invite à consulter le rapport du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie. Il y est écrit que sur 20 ans, si l’on prend en compte les forfaits attribués pour des prises en charge spécifiques, les revenus des professions de santé ont augmenté plus vite que ceux des cadres. Bien sûr, les chirurgiens doivent être correctement rémunérés, mais il faut que tout le monde fasse des efforts. Nous avons tous intérêt à solvabiliser la santé.
Que pensez-vous du secteur optionnel ?
Le secteur optionnel peut évidemment être intéressant, mais à mon avis, la taxe Fillon maquille une décision politique. Le gouvernement s’est prononcé contre le secteur optionnel. Car s’il faut que tout le monde fasse un effort, il faut que l’effort soit réparti. Les mutuelles ne peuvent pas, à elles seules, supporter la réorganisation du financement de la santé en France.