3 questions à Ségolène BENHAMOU, vice-présidente du syndicat FHP-MCO

Ségolène BENHAMOU, vice-présidente du syndicat FHP-MCO, PDG de l’Hôpital Privé Nord Parisien à Sarcelles (95).


Quels sont les enjeux de la journée du 8 mars ?
Le premier est de créer une solidarité entre femmes, entre managers. Une journée comme le 8 mars est un espace d’échange, d’expériences et d’idées, dont l’un des buts est de créer un réseau dynamique de femmes, pour échanger sur notre travail de manager. C’est une journée qui concerne tout le monde, les hommes et les femmes, qui souhaitent réfléchir au management. Un autre enjeu est bien évidemment la promotion de la parité. Avoir un management paritaire dans la santé peut sembler une évidence, dans un secteur si fortement féminisé : c’est malheureusement loin d’être le cas. 25% de directrices d’établissements privés, 16% de femmes à la tête d’hôpitaux publics, c’est trop peu. L’un des enjeux est de faire que l’on retrouve à tous les niveaux de la hiérarchie la même proportion de femmes dans notre secteur.
Renforcer la solidarité féminine, soutenir la parité, le troisième enjeu du 8 mars est de favoriser la mixité : mixité des genres, bien sûr, mais aussi des âges, des profils, des territoires… C’est à ce prix que l’on crée les conditions de l’émergence d’idées innovantes. Dans le privé, les managers ne sont pas tous issus d’une seule et même école comme l’EHESP. Les parcours sont différents, et c’est ce qui fait la richesse de notre secteur et la puissance de notre créativité. C’est de nous que proviennent les impulsions novatrices qui font bouger l’organisation de la santé en France et c’est ensemble que nous pourrons inventer un modèle sanitaire plus pertinent.

Quelle est votre vision du secteur ?
Pour moi, l’hospitalisation privée doit être de plus en plus « service public » dans ses missions et de plus en plus libérale dans sa gestion. Le service public n’est pas l’apanage du secteur public. Nous sommes présents partout sur le territoire, y compris dans les villes défavorisées, nous accueillons tous les patients, y compris les patients « précaires », et nous sommes largement pluridisciplinaires. Nous prenons en charge des activités dites lourdes comme les urgences, et nous sommes de moins en moins cantonnés à quelques disciplines. Nous sommes parfaitement intégrés dans le maillage territorial par le biais de filières de soins, et enfin, les résultats de la certification l’ont montré, en matière d’excellence, nous tirons brillamment notre épingle du jeu sur la qualité et la sécurité des soins. Le secteur privé assume une part de plus en plus importante de la mission de service public, et nous comptons poursuivre dans cette direction tout en restant libéral dans notre gestion. En effet, depuis des années, nous sommes leaders en termes d’efficience, à la fois dans les organisations et la gestion, même si nous devons souvent lutter contre des modèles que l’on tente de nous imposer. Ensuite, nous sommes profondément libéraux parce que notre grande force est notre médecine libérale. Les praticiens libéraux sont un élément essentiel de notre efficience. Plus de missions de service publique, pleinement assurées grâce à une gestion et des organisations libérales, c’est ma vision de notre secteur.

Comment voyez-vous votre rôle de vice-présidente de la FHP-MCO ?
Dans la droite ligne de ma vision du secteur. Mon rôle consiste à tout faire pour que nous puisions exercer nos missions de service public, sans que l’on nous ferme des portes pour des motifs idéologiques ou réglementaires. Parallèlement, il me semble important de défendre une éthique et un engagement en cohérence avec ces missions. Pour conserver nos points forts, – notre adaptabilité, notre réactivité, notre formidable capacité d’innovation – , nous ne devons pas accepter de carcan, ni de cadre dans nos modes de gestion et d’organisation interne. Il est pour moi essentiel que nous puissions continuer à pratiquer notre métier sous le signe de l’excellence et non dans un mode de gestion imposé par l’extérieur. Je suis également une ardente défenseuse de la médecine libérale. La liberté de notre organisation est au cœur de notre système !