Hôpitaux : la FHP-MCO s’inquiète du flou des propositions du candidat socialiste

La FHP-MCO exprime sa vive inquiétude au sujet du flou le plus total du programme santé du candidat socialiste à l’élection présidentielle, François Hollande, de sa tonalité anti-libérale et de son orientation en faveur du « tout public »

Le candidat socialiste s’est engagé à réformer le mode de financement de l’hôpital public et à mettre un coup d’arrêt à la convergence des tarifs des secteurs hospitaliers public et privé, alors que les tarifs des établissements publics coûtent déjà 28% de plus en moyenne à la Sécurité sociale pour des prestations identiques que les tarifs du privé.

« En prônant l’arrêt de la convergence des tarifs des secteurs hospitaliers public et privé et la mise en place d’un nouveau mode de financement pour l’hôpital public, sans expliquer réellement comment il va s’y prendre, ni même comment ses mesures seront financées, le candidat du Parti socialiste cède aux sirènes du social-clientélisme et au lobby des hôpitaux publics qui réclame toujours plus d’argent, alors que, tous les chiffres le montrent, ils sont largement inefficaces et plus coûteux pour la collectivité », affirme Lamine Gharbi, président de la FHP-MCO, qui regroupe quelque 600 cliniques et hôpitaux privés spécialisés en médecine, chirurgie, obstétrique.

La FHP-MCO regrette que le candidat socialiste reste dans un flou démagogique sur la réforme annoncée du financement des hôpitaux. «Lorsqu’on demande des détails sur le programme socialiste, hormis de dire tout pour le public, c’est le désert. La démocratie exige des engagements clairs et chiffrés. Or, à enveloppe constante, il y a fort à craindre que ce soit le secteur privé qui fasse les frais d’une telle politique. Nous ne resterons pas sans réagir si est remise en cause la liberté de choix des 8 millions de Français qui nous font confiance chaque année », prévient le président de la FHP-MCO.

La FHP-MCO rappelle la gestion désastreuse des finances de l’hôpital public : 41% des établissements en déficit, un déficit cumulé de 3 milliards d’euros en cinq ans et qui s’est encore aggravé en 2011 (650 M€, estimé) et une dette qui a plus que doublé en sept ans, à 24 milliards d’euros.

De nombreux rapports d’organismes officiels montrent pourtant qu’il existe d’importantes marges de progression en matière de gains d’efficience et de productivité à l’hôpital public. La Cour des Comptes évalue ainsi à 7 milliards d’euros par an les gisements d’économies réalisables si la convergence tarifaire était menée à son terme.

« La tarification à l’activité (T2A) vise à aligner le financement des hôpitaux sur leur activité réelle de soins. Et la convergence tarifaire est nécessaire pour établir une équité de traitement entre le secteur le plus coûteux, le secteur public, et le secteur privé. Revenir à une dotation budgétaire globale serait une erreur économique majeure, en contradiction d’ailleurs avec le droit européen. Mais on l’a vu avec la catastrophe des 35 heures et son application brutale et aveugle dans les établissements de santé, les socialistes ne sont plus à une erreur près », souligne Lamine Gharbi.

La FHP-MCO regrette la tonalité anti-libérale de la campagne du discours socialiste. « Comment dire que l’on va mettre encore plus d’argent dans ce qui ressemble aujourd’hui à un puits sans fond, où règnent les gaspillages et la gabegie ? Pourquoi l’hôpital public ne pourrait-il pas être géré avec rigueur, comme le sont nos établissements privés ? C’est bien le moins que l’on puisse demander à ceux qui utilisent l’argent public. Dans les meetings, il est toujours facile de faire siffler par les militants l’idée selon laquelle l’hôpital public serait aujourd’hui géré comme une entreprise. Qu’on se rassure sur ce point : si c’était le cas, il serait depuis longtemps en faillite ! », conclut le président de la FHP-MCO.

Pour la FHP-MCO, les propositions de François Hollande constituent un risque de régression dangereuse vers un hospitalo-centrisme anachronique et une menace contre la transparence et l’équité du financement du système de santé français.