3 questions à Jacques TOUZARD, Directeur adjoint des Hôpitaux de Saint-Maurice (94)

Jacques TOUZARD, Directeur adjoint des Hôpitaux de Saint-Maurice (94), bloggeur sur « Le Plus + »  du Nouvel Observateur, publiait récemment : L’hôpital public meurt à petit feu : 3 propositions concrètes pour le sauver

 Quel est votre parcours ?
Mon parcours est un peu atypique pour un directeur d’hôpital français… J’ai commencé par des études universitaires classiques, Sciences Po., HEC, et je me suis tourné ensuite vers le privé. J’ai travaillé dans un cabinet d’audit, chez Ernst & Young… J’ai ensuite passé le concours de l’école de Rennes, puis j’ai été élève directeur à l’Hôtel-Dieu. J’ai ensuite été pendant plus d’un an le Conseiller santé-social du Ministre de la Ville…J’ai donc eu d’autres expériences professionnelles en dehors du monde hospitalier.

Quelle est votre analyse sur les évolutions du secteur hospitalier en France ?
Le système de santé français, public comme privé, est reconnu de tous. Mais le nerf de la guerre, c’est le financement et c’est là que des réflexions rapides doivent être engagées. On parle de statu quo, mais avec une enveloppe de l’ONDAM qui reste la même, les marges de progression sont relatives. On le voit pourtant depuis quelques années, les dépenses de santé sont structurellement en baisse, dans le public comme dans le privé, preuve qu’une première prise de conscience a bien eu lieu, et sans baisse de la qualité. Cependant, il y a en France une mauvaise appréciation des performances de l’hôpital public : les 22 CHU sont responsables de 60% du déficit du secteur public, et parmi eux, 7 établissements endossent la responsabilité de la moitié du déficit. C’est oublier les 1300 autres établissements publics, dont la comptabilité est loin d’être catastrophique, la plupart étant à l’équilibre. Le secteur public, globalement, se heurte à un problème de surcapacité. En bâtiment, en termes d’effectifs… Le patrimoine historique est difficile à gérer, nous avons besoin de 6 mois à un an pour recruter du personnel, les fiches de postes retirent de la souplesse managériale…

Quelles pistes proposeriez-vous ?
Il a des chantiers assez simples : le passage à la médecine ambulatoire est le premier, et le plus décisif. Aujourd’hui, on ne s’est jamais donné les moyens, notamment dans le public, d’assumer ce changement : les tarifs sont encore trop peu incitatifs. Une autre piste serait la construction de maisons de santé pour les urgences, en jouant la carte de la complémentarité ville/hôpital. Aux Etats-Unis, la Mayo Clinic couple des établissements hôteliers aux hôpitaux. C’est une aide pour réduire la durée des séjours, et c’est un service de confort et de qualité. Enfin, à mon avis, il faut se méfier de l’exécutif bicéphale, tel qu’il est parfois pratiqué dans le secteur de la santé, entre le pouvoir administratif et le pouvoir médical. D’après moi, il faut sortir le médical du décisionnel. Un bon management passe par une seule direction.