3 questions à Dr. Michel CHASSANG, Président de la CSMF

Dr. Michel CHASSANG, Président de la CSMF, Confédération des syndicats de médecins libéraux français. 
Retours à chaud, au lendemain d’un après-midi et une nuit de négociations pour statuer sur les dépassements d’honoraires.



Dr. Chassang, la nuit a été longue ?

Les négociations pour régler la question des dépassements d’honoraires ont débuté hier après-midi à 14h, et se sont prolongées toute la nuit, jusqu’à 6h30 du matin!

Quels sont les enjeux qui entourent la question des dépassements d’honoraires ?

Pour nous, ils sont au nombre de trois. Le premier consiste à améliorer l’accès aux soins, c’est un préalable incontournable. Le deuxième consiste à revaloriser le secteur I, et le troisième, à le faire sans porter atteinte au secteur II, tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Jusqu’ici, la situation fait que l’absence de revalorisation du secteur I rend le secteur II plus attractif, ce qui renforce le problème des dépassements d’honoraires. La question ne peut pas se régler de manière simpliste : la proposition de l’UFC-Que Choisir d’interdire purement et simplement les dépassements d’honoraires est absurde et démagogique. Aujourd’hui, 25% du corps est en secteur II. Il faut réorganiser le système de remboursement en profondeur.

Qu’est-ce qui a bloqué la négociation ?

Ce qui complique les choses, c’est que nous faisons face à 32 ans d’immobilisme, durant lesquels les gouvernements, de droite comme de gauche, n’ont pas tranché sur cette question. C’est cet héritage qui pèse sur les négociations. Et une fois encore, nous sommes face à un gouvernement qui n’a pas d’argent et qui affiche ses poches vides. La situation se répète: c’est déjà ce contexte qui a présidé à la création du secteur II. La Ministre Marisol Touraine, qui évoque un projet d’accord « satisfaisant » fait preuve d’optimisme. Il reste un point essentiel à éclaircir : le montant et les modalités suivant lesquelles les complémentaires entendent mettre la main à la poche. Nous n’avons pas aujourd’hui de certitudes quand au bouclage financier de l’ensemble du dispositif. Sans l’avancée des complémentaires, nous ne pouvons pas, de notre côté, apporter des réponses à l’aveugle. Pour l’instant, nous restons sur notre faim. Aujourd’hui, promouvoir le secteur I ne peut pas se faire sans une revalorisation des tarifs. La suite donc, lundi prochain.