3 questions à Marie-Paule GAILLARD, directrice des cliniques Saint-Jean à Melun

Marie-Paule GAILLARD, directrice des cliniques Saint-Jean à Melun et l’Ermitage à Dammarie-les-Lys


Marie-Paule, il y a quatre ans, vous étiez la toute première directrice à vous être prêtée au jeu des « 3 questions à », du 13H’, de la FHP-MCO. Nous vous avions demandé quelle était votre plus grande réussite, votre plus bel échec, et vos attentes en tant qu’administratrice de la FHP-MCO. Quatre ans plus tard, comment vos positions ont-elles évoluées ?

En quatre ans, je crois qu’on peut dire clairement que la situation est loin de s’être améliorée. Aujourd’hui, ma plus belle réussite, c’est tout simplement de maintenir mes établissements à flot. Le contexte économique est tel qu’il est difficile de dégager des bénéfices à réinvestir dans l’entreprise, nos charges sont trop lourdes et nous sommes taxés comme des sociétés à but lucratif sans avoir la maîtrise des tarifs mais en supportant toutes les obligations réglementaires. Nous sommes tiraillés entre le maintien et l’absence de progrès, la situation est morose. Cependant, je suis fière d’avoir maintenu le dialogue social au-delà des crises que nous avons traversées, et d’avoir conservé un turn-over faible pour la région parisienne. Maintenir le dialogue avec les médecins et les équipes médicales, dans le contexte actuel, avec des praticiens en secteur II et en secteur I dans le même établissement n’est pas une sinécure. Pour moi, la réussite est là : avoir conservé des rapports harmonieux avec mes équipes et bénéficier grâce à elles de très bons résultats en matière de politique qualité gestion des risques

Il y a quatre ans, vous parliez de vos difficultés à augmenter les salaires de vos employés comme d’un échec. Où le situeriez-vous aujourd’hui ?
En ce moment, il me semble qu’il s’agit plutôt du combat entre les secteurs public et privé, qui suit à nouveau une ligne dure. J’étais la première à vouloir collaborer, à vouloir être constructive, mais aujourd’hui, c’est plus difficile. Nous avons l’impression que le gouvernement ne remarque pas nos efforts, n’entend pas nos difficultés et qu’il prend fait et cause pour le secteur public. Le nouveau Président de la FHF tient des discours qui reviennent en arrière, il semble être reparti en guerre. Pour moi, l’échec, c’est aujourd’hui de n’être pas entendu par notre Ministre malgré le poids que nous représentons en matière de prise en charge des patients

Vous mentionniez également votre espoir de voir l’image du secteur privé se transformer, et devenir plus conforme à la réalité de vos métiers. Quels sont vos espoirs aujourd’hui ?
Nous avons indéniablement progressé en termes de communication ces quatre dernières années. Maintenant, nous ne sommes pas maîtres de la réception de cette communication. Beaucoup d’évolutions sont positives, mais je crois que ce qui nous a pénalisés, c’est la médiatisation des débats sur les dépassements d’honoraires, bien qu’ils aient eu le mérite de mettre en lumière les dépassements pratiqués dans le secteur public également. Par contre, en matière de politique syndicale, j’ai le sentiment que nous n’avons pas pu faire grand chose. La crise économique est là, la précarité est là, les patients qui ne se font pas soigner pour des raisons économiques sont là, et si le gouvernement reste hostile au privé, nous sommes face à un mur. Ce que j’espère, c’est que notre secteur sera entendu au-delà des préjugés.