A court terme… La campagne tarifaire est inique !
Comment une organisation syndicale digne de ce nom peut ne pas exprimer sa colère face au traitement inacceptable que subissent ses membres ? Le non-sens d’hier devient sans crier gare le simple bon sens aujourd’hui : voilà une activité sommée de se développer avec un potentiel de financement négatif (-0,2%).
Mais encore, nous sommes gratifiés d’un coefficient prudentiel qui pénalise une profession pourtant vertueuse avec un volume prévisionnel 2012 non atteint… de près de 100 millions d’euros. Mais quel chef d’entreprise veut volontairement ne pas développer son activité ? A l’inverse si nous répondons de notre mieux à une demande que nous vous souhaitons croissante, nous serons pénalisés. En clair, une prime à la récession. L’inventeur de ce stratagème mérite l’Oscar du meilleur cynisme.
A moyen terme… un pacte de confiance renvoyant au second plan l’hospitalisation privée.
Nous décernons l’Oscar de la plus belle mise en musique à Edouard Couty pour la composition du Pacte de confiance. L’objectif de cette mission, nous vous le rappelons, était de « promouvoir un service public hospitalier moderne à la hauteur des enjeux de la santé publique du 21ème siècle ». Dans cette réflexion, tous les établissements de santé quel que soit leur statut pouvaient s’y reconnaître au vue de la définition posée par HPST des missions de service public. Mais fallait-il vraiment commander un nouveau rapport, pour expliquer que demain, le service public hospitalier serait l’apanage quasi-exclusif de l’hôpital public ou des ESPIC ? Il est intéressant de noter que Marisol Touraine n’a utilisé que 3 fois le terme « privé » dans son discours de 13 pages ! Pour dire que dans la campagne tarifaire 2013, 300 millions d’euros ont été attribués aux établissements « privés » (face à 1,6 milliards pour le public et l’associatif – ndlr), pour faire référence aux difficultés des hospitaliers à concilier vie professionnelle et vie « privée » et pour rappeler que l’hôpital avait été « privé » de 415 millions d’euros en 2012. Nier notre existence ne nous fera pas disparaître ! L’excellence de la médecine française résulte d’une saine émulation, de la concurrence qui conduit les uns et les autres à s’améliorer. Enfin, ce pacte de confiance permet le grand retour des médecins dans la gouvernance de l’hôpital, et nous observerons la manière dont les directions, obligées de sortir de leurs bureaux feutrés et de leurs grands principes enseignés à l’école de la parole unique de Rennes, se frotteront comme nous à la réalité du corps médical.
A long terme… le combat continue… sur le plan de l’équité !
Cette campagne 2013 renonce à la convergence tarifaire mort-née. C’était notre cheval de bataille durant des années mais également un des grands signaux politiques que le nouveau gouvernement devait lancer à l’armée d’idéologues publics. Que pesions-nous dans ce contexte ? Ce principe reste pour nous fondateur de notre reconnaissance, de notre pérennité. Cette grande valeur fonde simplement notre République Française. La résistance continue donc et toutes les évolutions futures seront analysées au regard de ce critère. Ainsi, le Bureau FHP-MCO prépare la relance de notre recours européen fort des évolutions récentes des décisions notamment en faveur des cliniques belges. Plus que jamais, nous nous devons de rappeler que le gouvernement français ne vit pas sur une île… Nous sommes aussi Européens et nous comptons démultiplier nos efforts, rechercher plus encore des appuis à Bruxelles face à un gouvernement devenu autiste à l’encontre de toute notre profession.
En attendant… Nous sommes présents sur les grandes décisions politiques gouvernementales.
Demain, la ministre entend réformer la T2A. Même si la course à l’acte n’est pas in fine une solution durable dans un budget national extrêmement tendu, celle du retour sans le dire d’un budget global, l’est encore mois. Ce point est acté au plus haut niveau, soit. Place maintenant au financement au parcours de soins…. Mais encore faut-il bien en définir le champ et le système de financement qui ne doit pas être verrouillé par un acteur plus qu’un autre en raison de son statut ! Soyez certains, que la FHP-MCO surveille tous les signaux faibles qui s’allumeront et y ripostera.
Nous sommes des acteurs économiques à part entière et nous demandons reconnaissance et respect !
Avec 10 milliards de recettes dont près de la moitié est consacrée aux emplois non délocalisables, nous sommes fiers d’être des acteurs économiques importants de notre pays. Nous sommes des entreprises, celles-la même qui sont plébiscitées par notre gouvernement, qui payent taxes, charges, impôts. Elles créent des emplois et bénéficient logiquement du CICE sans contrepartie… en 2013… Nous n’avons personne à remercier pour cela.
Certes au royaume des aveugles, les borgnes sont rois et nous sommes sans doute mieux lotis que certains de nos collègues anglais ou encore de nos confrères grecs. Mais que diable, avec une enveloppe santé qui dépasse les 10% du PIB de la France, ce résultat reste inacceptable. Où est l’optimisation des ressources que nous sommes en droit d’attendre d’un gouvernement responsable ? Nos patients, nos salariés, nos médecins et nos financeurs n’ont que faire d’une explication macro-économique politiquement correcte. Oui, nous sommes dans une situation de crise. Les préceptes de base de la gestion d’une telle situation sont simples : on structure nos prises de paroles vers l’extérieur avec des éléments de langage commun, on resserre les rangs, on se serre les coudes, on forme une équipe soudée et on avance. A l’instar du secteur public, nous devons nous imposer comme une profession unie et solidaire au sein de nos territoires, de nos régions et au niveau national. La force de conviction que nous faisons entendre et qui nous protège du pire, est la votre. C’est le fruit de notre travail, des résultats de nos établissements qui forcent le respect, de notre volonté à maintenir et développer l’offre de santé sur nos territoires ; c’est la mission de service aux publics que nous garantissons.
Si vous le voulez bien, continuons, ensemble !