Notre patrimoine

A l’heure où les ministres et vraisemblablement les parlementaires déclarent leur patrimoine sur la place publique, surgit la question de l’interprétation de ces informations par l’opinion. Les chirurgiens ont eu le courage de se livrer à cet exercice pédagogique et de transparence en décembre dernier. Même si nous savions tous que le terrain était miné, la démonstration de l’extrême difficulté à s’exprimer sur ces sujets devait être faite. Comment notre secteur va-t-il naviguer dans cet environnement idéologique et sémantique difficile ? Grand rassembleur de cliniques patrimoniales et d’établissements appartenant à des fonds d’investissement, notre secteur, le malchanceux, cumule deux expressions à blacklister. L’opinion est partagée entre demander davantage de transparence, grand rêve social, ou davantage de contrôles. Nous répondons aux deux ! Nos livres comptables sont largement ouverts (sans parler de l’ENCC) et les contrôles pleuvent. Toutefois si nos patients sont individuellement et localement « clinic friendly », gagner leur soutien collectif et national reste une gageure. Dans cet esprit nous observerons de près le projet ministériel « Sunshine act » qui vise à renforcer la transparence entre les industriels et les professionnels de santé. Restons privés ET exemplaires !

Lamine GHARBI
Président du syndicat national FHP-MCO

 

Une santé plus économe
Le comité d’alerte chargé de surveiller l’évolution des dépenses d’assurance-maladie vient de rendre un avis rassurant. Les frais de santé remboursés sont estimés à 170 milliards d’euros en 2012, environ 900 millions de moins que ce qui était prévu dans la loi. La progression par rapport à 2011 (+ 2,4 %) est encore inférieure à celle des années précédentes, où la tendance était déjà historiquement faible. Il s’agit de la progression la plus lente enregistrée depuis 1997. Les soins de ville, qui représentent une petite moitié du total, expliquent «principalement» l’écart avec les prévisions. Ces dépenses n’ont augmenté que de 1,8 % en 2012, sous l’effet, en particulier, des baisses de prix des médicaments.

La sécurité des médecins en question
Le CNOM vient de présenter les chiffres 2012 de l’Observatoire de la sécurité des médecins. Si le nombre d’incidents déclarés à tendance à diminuer, il augmente drastiquement dans les établissements publics de santé. En forte augmentation à l’hôpital public, de 59% (46 incidents signalés en 2011 contre 73 en 2012), ils sont en revanche en repli de 63% dans les établissements privés (130 incidents en 2011 contre 47 en 2012). Le CNOM n’avance aucune explication pour expliquer ces variations d’un type d’établissements à l’autre. «Mais si le taux a tendance à baisser, il reste quand même supérieur de 20% à la moyenne de ces dix dernières années», explique le CNOM.

Secteur 2 : deux poids, deux mesures
Les 1932 hospitaliers publics exerçant en secteur 2 vont pouvoir dormir tranquille car le rapport Laurent sur l’encadrement à l’hôpital des dépassements les épargne grandement. Certes, les dépassements seront limités autour de 150% en consultation privée à l’hôpital public, mais les médecins pourront ajouter leur «plus-value intellectuelle». Donc pas d’encadrement du chiffre d’affaires en secteur privé ni de sanctions financières en cas d’excès… Le praticien pourra continuer à percevoir directement ses honoraires de ses patients privés…

Lutte contre les sectes à l’hôpital
La mission sénatoriale dirigée par le Dr Alain Milon sur « l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé » vient de publier son rapport. « La santé est utilisée comme une porte d’entrée vers une emprise pour les futurs adeptes, des pratiques commerciales exploitent les peurs ». Un arsenal législatif existe, a-t-il fait remarquer, il faut l’utiliser, alors qu’un certain climat de défiance vis-à-vis de la médecine classique s’installe. Une quarantaine de mesures ont été proposées, qui commencent par un renforcement de l’attention de la justice vis-à-vis des proches des victimes, et passent par un renforcement des contrôles des produits « bien-être », parfois très farfelus, qui sont commercialisés.

Les actes inutiles sous l’oeil de l’Académie de médecine
Dans un rapport offensif, l’Académie de médecine affirme qu’un trop grand nombre d’actes médicaux ou chirurgicaux sont dénués de pertinence. « Cela fait cinq ou six ans que ce sujet est sur la table mais rien ne bouge (…). Tout simplement parce que les hôpitaux, la HAS ou les responsables de la Sécurité sociale n’osent pas attaquer la responsabilité des médecins », assène le professeur René Mornex, un des auteurs du rapport. Examens biologiques, cataractes, échographies, médicaments, etc…sont pointés du doigt. La FHF avait publié les résultats de son sondage qui montrait que 28% des actes médicaux n’étaient pas pleinement justifiés. L’Académie met d’abord en cause la formation des médecins qui, selon elle, ne repose pas suffisamment sur le «compagnonnage» ou sur l’enseignement clinique. Elle dénonce aussi une application excessive du principe de précaution et le consumérisme médical.

Plus de temps !
Le président du conseil de surveillance de l’AP-HP, le député PS Jean-Marie Le Guen juge « inatteignables » les 155 M€ d’économie prévus en 2013. Du temps et de l’argent. C’est ce qu’il réclame pour « éviter que le paquebot AP-HP ne sombre dans l’anémie ». « Nos études montrent qu’on ne peut pas améliorer notre efficience de plus de 100 M€. 155 millions d’euros, c’est un effort financier inatteignable », martèle l’élu parisien qui redoute « une démobilisation des équipes ». « Si on nous laisse quatre à cinq ans au lieu des deux prévus pour le retour à l’équilibre, on peut y arriver ».

Haro sur le formaldéhyde
L’hôpital s’avère, avec la crèche, l’un des deux espaces publics où la qualité de l’air intérieur est particulièrement préoccupante. Une analyse du formaldéhyde par exemple, permet aux établissements d’évaluer la présence de cette substance chimique et de la diminuer dans l’ensemble des services concernés. En 2012, 16 établissements adhérents ont participé à l’action collective C2DS «Haro sur le formaldéhyde dans l’air intérieur». Cette initiative a donné lieu à 152 mesures de l’air intérieur avec l’aide d’ETHERA qui ont révélé une présence moyenne de 18,7 μg/m3 de formaldéhyde, avec un maximum mesuré de 106 μg/m3 et un minimum de 2,2 μg/m3 dans l’air intérieur. Dès 2015, les ERP ne devront pas dépasser 30 μg/m3 pour une exposition de longue durée, selon la valeur guide réglementaire. « Les taux sont acceptables en moyenne avec des pics dans les laboratoires d’anatomopathologie ou les salles d’endoscopie par exemple. Et pour ne pas se laisser surprendre par l’application de la réglementation, il faut avant tout anticiper ! Une démarche préventive, surtout à l’égard des salariés, et l’identification des sources avant la date butoir du délai d’application du décret permettront la mise en œuvre d’actions ciblées efficaces tout en maîtrisant les budgets », explique Sylvain Colom, directeur marketing d’ETHERA.