Une main tendue

Marisol Touraine, interpelée par notre page dans Le Monde, a voulu démontrer que l’hospitalisation privée n’était pas privée de ministre et a ainsi honoré de sa présence l’hôpital privé de Trappes lundi dernier. Cette visite aura-t-elle contribué à changer son regard sur notre secteur ? Pour le moins, elle aura vérifié que nous exercions largement des missions de service public. 50 000 passages aux urgences, un taux de CMU qui oscille selon les services entre 11 et 39% : le choix de cet établissement par le ministère avait notre faveur. En revanche nous y avons été pour nos frais si nous attendions des annonces. Toutefois, au-delà de rappeler les trois grands piliers qui soutiennent sa politique – lutter contre l’inégalité des soins, veiller à un financement solidaire et organiser l’offre autour de la notion de territoire et non plus d’établissement – elle a affirmé que le secteur privé avait toute sa place, jusqu’à être un pôle de référence, à condition qu’il respecte l’indispensable accessibilité des soins (PDS, proximité géographique et accessibilité financière). « Il ne peut y avoir de différence de traitement entre nos deux secteurs de santé car il n’y a qu’une seule politique de santé », déclarait-elle. Par ailleurs, elle s’est exprimée sur sa volonté, à l’instar de la prochaine signature avec la FEHAP, de signer avec la FHP une convention sur les emplois d’avenir. Concernant l’avenant n°8, la ministre est sûre de son coup et attend sans inquiétude les 2000 signatures du CAS encore manquantes dans le temps imparti et nécessaire pour valider le processus. Enfin, elle n’a pas emprunté le chemin accidenté de la légitimité ou non du CICE, mais, pour justifier le choix du gouvernement, a placé le débat dans le registre des nécessaires bonnes relations entre les deux secteurs public et privé invités à travailler de concert. En fine politique, Marisol Touraine a répondu lundi principalement aux dossiers sociaux qui appartiennent aux priorités gouvernementales. Cette visite reste un signal positif fort dont nous espérons qu’il sera suivi d’autres. Nous serrons cette main tendue, nos portes demeurent grandes ouvertes. Acceptant une carte postale « J’aime ma clinique » que nous lui tendions, elle s’engageait à nous écrire durant ses vacances…

Lamine GHARBI
Président du syndicat national FHP-MCO

 

2,5 milliards d’euros à économiser
Afin de respecter une augmentation de 2,4% des soins remboursés en 2014, il faudra économiser 2,5 milliards d’euros par rapport à la progression « spontanée » des dépenses, liée au vieillissement de la population, à la recrudescence de maladies graves comme le diabète ou à la diffusion du progrès médical. Avec la flambée du chômage, les cotisations rentrent moins bien que prévu dans les caisses. Après deux années d’amélioration, le déficit devrait frôler les 8 milliards d’euros en 2013, selon les dernières prévisions.
Des urgences coûteuses
En 2010, 17,5 millions de français ont franchi le seuil d’un service d’urgence dont 18% privés. Ces passages ont donné lieu de 12 à 20% d’hospitalisation. La fréquentation des urgences, même si elle s’est stabilisée en 2010, après treize années de hausse supérieure à 5 % par an, alarme les pouvoirs publics.
 Car ces services coûtent cher : plus de 1,57 milliard d’euros par an à l’Assurance maladie.La Cour des comptes demande une baisse de 7,5% du tarif des analyses médicales
Les laboratoires de biologie, dont l’activité a reculé en 2012 de 1,6%, dénoncent un projet « dangereux » risquant une baisse de 316 millions d’euros de leur chiffre d’affaires. 

Les biologistes espéraient au contraire mettre fin aux baisses de prix régulièrement depuis près de sept ans. A la place, ils voulaient signer des accords sur plusieurs années avec l’Assurance maladie, de manière à obtenir une visibilité. Un premier protocole a été négocié pour la période 2013-2015 avec un engagement des laboratoires de réaliser 240 millions d’euros d’économies. Le gouvernement a finalement bloqué le projet et proposé un nouvel accord visant à stabiliser à 3,7 milliards d’euros par an le montant des remboursements à la charge de la sécu. En dix ans, le nombre d’analyses a bondi de 60 %, « alors que l’indice de volume de l’ensemble des soins de ville n’a progressé que de 35 % » écrit la Cour. 

A l’hôpital, « une réduction de 10 % à 15 % du nombre d’actes permettrait une économie de 200 à 300 millions d’euros », estime-t-elle. Selon une loi du 30 mai, les laboratoires ne pourront plus fonctionner à compter de novembre 2016 sans être accrédités. Ce qui va les contraindre à des investissements importants, et risque d’accélérer la concentration. Le nombre de laboratoires est déjà passé en peu de temps de 3 800 à environ 1 500, dont quelques grands groupes. Une restructuration menacerait près de 8 000 emplois et accélérerait la disparition de laboratoires de proximité.

Des hôpitaux britanniques avec une surmortalité inquiétante
Un rapport de la National Health Service (NHS) dénonce la négligence qui prévaut dans 14 hôpitaux publics : de graves dysfonctionnements auraient provoqué 13 000 décès évitables entre 2005 et 2012. Des patients oubliés sur des civières, des salles d’opération dangereuses pour la sécurité des patients, des draps souillés, du personnel qui travaille jusqu’à douze jours consécutifs, des consignes incohérentes… les constats sont accablants. Le NHS, véritable symbole national, entièrement gratuit pour tous et défendu par la classe politique à droite comme à gauche, est mis à mal. La politique du chiffre y règne en maître avec des objectifs qu’il faut atteindre à tout prix. Le rapport souligne aussi que le problème n’est pas que financier. Si le NHS manquait cruellement de moyens à la fin des années 1990, ce n’est plus nécessairement le cas.

4ème édition du Rapport sectoriel des cliniques et hôpitaux privés (FHP) : des chiffres à consommer sans modération
1100 établissements de santé MCO, SSR et psychiatrie prennent en charge 34% de l’activité hospitalière, c’est-à-dire 8,5 millions de patients dont 2,3 millions dans les 130 services d’urgences. 11 millions de journées SSR sont enregistrées, 4,6 millions en psychiatrie et plus de 560 000 en HAD. Près d’1 établissement sur 2 est en difficultés financières sur les 3 dernières années. En 2011, 32% des établissements d’activité MCO sont déficitaires et, toutes spécialités confondues, 25 % des établissements. La rentabilité du secteur s’établit ainsi à 1,8% du chiffre d’affaires avant résultats exceptionnels. A noter des politiques d’emplois et de formation dynamiques : 42 000 médecins exercent dans le secteur dont 78% de personnel soignant, 154 000 salariés, une évolution allant de +3% pour les aides-soignants, +3,4% pour les infirmiers, +3,5% pour les masseurs-kinésithérapeutes. Sur l’année 2011, 40 250 salariés soit plus d’un quart des salariés ont été formés lors de 14 665 actions de formation répertoriées.

Eteignez la lumière !
La circulaire du 5 juin 2013 (DEVP1314507C) précise les modalités d’application de l’arrêté du 25 janvier 2013 (DEVP1301594A) relatif à l’éclairage nocturne des bâtiments non résidentiels afin de limiter les nuisances lumineuses et les consommations d’énergie. Ainsi, elle « apporte des précisions sur le champ d’application de cette nouvelle réglementation et précise le rôle et les missions des services chargés du contrôle de cette réglementation ». En effet, depuis le 1er juillet 2013, les éclairages intérieurs des locaux à usage professionnel doivent être éteints une heure après leur fin d’occupation. Pour illuminer les façades de bâtiments, il faut attendre le coucher du soleil et y mettre terme à 01h00 au plus tard (dérogation préfectorale possible sous conditions). Exclusion : les installations d’éclairage avec dispositifs de détection de mouvement ou d’intrusion pour protéger des biens.
Pour aller plus loin : Cahier Technique de recommandations d’éclairage extérieur, FRAPNA et autres (2013) et Guide technique Biodiversité & Bâti, LPO et CAUE Isère (2012).