3 questions à Docteur Élisabeth Hubert, présidente de la FNEHAD

Docteur Élisabeth Hubert, présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD)

Où en est l’HAD en France actuellement ?Comme vous le montre le prochain rapport d’activité à paraître de la FNEHAD pour 2012-2013, l’HAD en 2012 c’est :

  • 100% des départements français couverts
  • 4,2 millions de journées d’activité
  • 105 000 patients pris en charge
  • 12 700 places installées
  • un coût moyen pour l’Assurance maladie de 196,10 € pour une journée d’HAD

L’HAD poursuit donc son développement, mais à une allure moins rapide que pendant la période 2005-2010. Ce ralentissement de la croissance de l’activité est lié, pour une part, au fait d’une couverture exhaustive du territoire national par l’offre d’HAD, de la relative maturité de certains établissements anciens mais aussi, ne nous le cachons pas, de la grande difficulté à convaincre les établissements, publics ou privés, avec hébergement, de l’intérêt de coopérer avec des HAD. Dans ce contexte, l’objectif du doublement de l’activité à l’horizon 2018, annoncé par Jean Debeaupuis lors de la 16ème Journée nationale de l’HAD en décembre dernier ne se réalisera qu’avec la mobilisation de tous les acteurs de santé et l’appui actif des pouvoirs publics, tant à l’échelle nationale qu’au niveau régional. Une instruction aux ARS, à laquelle participe activement la FNEHAD, donnant les contours et les conditions de ce déploiement, devrait être prochainement publiée. Nous fondons beaucoup d’espoir sur l’impulsion que pourraient donner en région ces préconisations.

Le PLFSS 2014 est une nouvelle quadrature du cercle. Selon vous, l’HAD est-elle une solution essentielle pour réduire le budget santé ? Par nature, l’HAD permet de limiter l’augmentation des dépenses de santé. Les établissements d’HAD sont des structures « légères » qui ne nécessitent pas d’investissements en équipements lourds ou immobiliers et fonctionnent de façon souple. Leurs coûts sont liés à leur fonctionnement, à la rémunération des personnels attachés à l’HAD ou rémunérés par celui-ci, aux frais inhérents à la couverture de territoires parfois étendus et surtout aux dépenses engagées au bénéfice des patients, coûts dont le poids se fait de plus en plus sentir. C’est pour cela que la FNEHAD demande, depuis maintenant plusieurs années, une étude permettant de démontrer le bénéfice médico-économique de cette offre de soins. Mais l’HAD permet surtout, dans le cadre d’un véritable partenariat avec les établissements de santé conventionnels, de réduire la durée des séjours hospitaliers et d’en éviter le recours, notamment pour les populations les plus fragiles telles que les personnes âgées. Elle doit donc être perçue comme un outil au service de la fluidité du parcours du patient et d’efficience du système de santé.

Le gouvernement vient de réfléchir à la France de 2025. Comment imaginez-vous la santé dans une dizaine d’années ? A quoi aspirez-vous en tant que Présidente de la FNEHAD ? Il est évident que le système très hospitalo-centré dans lequel nous évoluons en France a vécu, ce d’autant plus que tous les autres pays développés économiquement comparables au nôtre ont déjà engagé la mutation de leur offre de soins et enregistrent des résultats positifs. Nous devons donc être beaucoup plus incisifs pour, d’une part, focaliser les établissements hospitaliers avec hébergement sur leur valeur ajoutée, qui est celle de plateaux techniques et de prises en charge de situations médicales imposant un hébergement parce qu’instables, et d’autre part, organiser l’ambulatoire pour qu’il réponde à toutes les autres situations qui trop souvent aujourd’hui sont orientées, par défaut ou par méconnaissance, vers l’hôpital. Dans ce contexte, dont on peut craindre qu’il soit encore lointain, tant les pesanteurs sont fortes, l’hospitalisation à domicile a une voie toute tracée. Par son organisation, son expertise dans la gestion de situations complexes, la garantie qu’elle offre en termes de qualité et de sécurité, sa connaissance du milieu hospitalier et son interface quotidienne avec les professionnels libéraux, les systèmes d’information dont ses établissements sont dotés et s’équipent, cette offre de soins est un élément  essentiel du parcours de soins des patients et un lieu d’expérimentation idéal des outils de télésanté. La FNEHAD œuvre, sans relâche, au quotidien, à cette évolution et à la reconnaissance de la place de l’HAD, ayant à cœur de permettre au plus grand nombre de patients qui le justifient de bénéficier, dans le futur, d’une hospitalisation à domicile… et cela sans attendre 2025 !