Plus d’un tiers (37%) des établissements de santé privés MCO se trouvaient en situation déficitaire en 2012 (contre 35% en 2011). C’est la réalité économique de notre filière d’excellence que révèle l’édition 2013 de l’Observatoire économique des cliniques et hôpitaux privés MCO piloté par CTC Conseil. L’asphyxie financière planifiée menace d’une part l’emploi de 200 000 personnes, et d’autre part une offre de soin essentielle dans les territoires. Les certifications de la HAS le prouvent : les soins prodigués dans nos établissements sont de très grande qualité ; les chiffres de l’ATIH ou les analyses de la Cour des comptes l’attestent : le coût de notre activité pour la collectivité est inférieur de 22% à celui du secteur public ou encore, nos établissements représentent 27% de l’offre hospitalière mais ne reçoivent que 17% des financements. Alors, que veut-on ? La mort d’une filière d’excellence ? Rappelons que nos tarifs demeurent quasiment inchangés depuis huit ans. 1,17% d’augmentation en cumulé sur la période 2005-2012, soit à peine 0,2% par an, ne peut en aucune manière compenser l’inflation et les charges qui explosent. De plus, aux 37% d’établissements déficitaires, s’ajoutent, de façon tout à fait aussi inquiétante, 71% des établissements qui se situaient en 2012 au-dessous du seuil de résultat net minimum de 3%, préconisé par les experts financiers. Notre déficit est structurel et les solutions doivent l’être pareillement. L’État doit répondre au déséquilibre fondamental qui perdure : le chiffre d’affaires généré par l’Assurance maladie (88,6%) est inférieur au total des charges (94%). Face à ce constat, la FHP-MCO fait 5 propositions et demande : une visibilité tarifaire sur trois ans, assortie d’un délai de prévenance de 18 mois en cas de changement ; une revalorisation des tarifs en contrepartie de volumes d’activité maîtrisés depuis deux ans ; la mise en œuvre rapide d’un paiement à la performance pour récompenser l’efficience ; une baisse de la fiscalité et une diminution des charges sociales ; une mise en cohérence des régimes d’autorisation en lien avec les investissements demandés ; mais encore… avec 37% des cliniques et hôpitaux privés MCO en déficit, nous demandons une baisse des charges sociales et une revalorisation tarifaire à la hauteur de notre sous-exécution 2013 d’un montant de 190 millions d’euros, soit l’équivalent d’une augmentation de 2% des tarifs. Ainsi nous pourrons garantir une offre de santé de qualité aux 8,5 millions de Français qui comptent sur nous.
Lamine GHARBI
Président du syndicat national FHP-MCO
À télécharger : le communiqué de presse et la présentation relatifs à la conférence de presse de ce matin.
Complémentaires santé : quelques conseils
Nous interviewions Frédéric Bizard, économiste de la santé, le 10 octobre dans la rubrique des 3 questions à suite à la parution de son livre Complémentaires de santé : le scandale. Il poursuit son information à destination de tous et transmet aujourd’hui à l’ensemble de la communauté médicale, cette fiche simple : 10 règles d’or à connaître sur les complémentaires santé à destination des patients.
Les industriels s’adaptent
Les industriels se préoccupent de très près de la santé de leurs clients. « Si nous voulons que les systèmes de santé européens continuent à acheter nos produits, nous devons contribuer à leur préservation » s’exprime le patron de MedTronic. Comment contribuer à l’efficacité des établissements, avec en vue les 20% d’économies possibles que certains industriels évaluent dans le secteur public ? Par ailleurs, selon Young & Rubicam, la filière du matériel médical est contrainte de se réinventer en « passant d’une innovation centrée sur des produits à une innovation centrée sur des solutions c’est-à-dire sur une réponse globale à un besoin ». Après avoir connu une croissance de 13 % par an entre 2000 et 2007 au niveau mondial, ce secteur enregistre une progression d’à peine 2 % en 2012. Il rencontre en effet des difficultés nouvelles : des procédures d’enregistrement des produits auprès des agences sanitaires durcies, et la mise en place de systèmes d’achat de plus en plus centralisés. « C’est le système hospitalier dans son ensemble qui est maintenant le client et plus seulement le médecin » relève Y&R.
Dégressivité : redistribuer par solidarité
Gérard Vincent, délégué général de la FHF n’exclut pas l’opportunité d’une dégressivité « au-delà d’un certain volume d’activité dès lors que les charges fixes sont couvertes ». Selon lui, les structures qui affichent une activité en plein essor ne seront pas pénalisées, quand bien même une petite partie de leurs gains supplémentaires sera récupérée pour les « redistribuer par solidarité » aux hôpitaux qui ne peuvent prétendre à un essor d’activité. « Faire des économies au détriment de ceux qui travaillent beaucoup pour ceux qui travaillent le moins et les éviter ainsi de plonger, par solidarité inter-établissement, d’accord. Mais pas question que cela engendre des économies supplémentaires sur l’ONDAM ! » Et une redistribution vers les cliniques en berne d’activité ?
Passe d’armes entre les laboratoires et Arnaud Montebourg
Le G5 qui réunit huit groupes de santé du médicament exprimait auprès d’Arnaud Montebourg sa très vive inquiétude. « Il y a un manque de cohérence entre la volonté de soutenir la santé, dit “secteur d’avenir” et certaines dispositions du PLFSS, en discussion au Parlement », résumait Marc de Garidel, président du G5. « Les entreprises de ce secteur sont obligées de prendre des risques : aidez-les ». Pourtant l’industrie de la santé reçoit pas loin de 3 milliards d’aides publiques, lui répondait le ministre de l’industrie. Les économies liées aux médicaments dans les hôpitaux pourraient rapporter de 5 à 15 milliards d’euros selon l’IGAS et la Cour des comptes, ont expliqué les patrons du G5. La question du « où » et « comment » n’a pas été développé.
Prendre le train de l’ « e-Santé »
L’informatique de santé vise à améliorer la qualité et la sécurité des soins. Il s’agira désormais de créer un environnement adapté à l’arrivée de la génomique. C’est l’un des points cernés par Innovation 2030, le rapport porté par Anne Lauvergeon. « La manière de se soigner en 2025 sera très différente de ce que nous connaissons. Ainsi, il est d’ores et déjà acquis que la médecine saura personnaliser son diagnostic en fonction des caractéristiques propres de chaque individu et notamment de son génome. Elle pourra adapter les modalités d’interventions médicamenteuses ou chirurgicales aux spécificités de chaque patient, diminuant ainsi le coût des soins à l’échelle d’une société ». Dans les pays ayant récemment accéléré leur transition vers le numérique de santé, le ratio de personnel informatique à l’hôpital est de 2 %, soit un spécialiste pour 50 hospitaliers et se situe à 0,4 % en France. D’autres indicateurs, tels que le taux des hôpitaux raccordés aux réseaux haut débit (>100 Mbps) tendent également à démontrer que notre pays prend du retard. Sans engagement véritable, le système de santé français prend le risque d’une fracture numérique en e-Santé.
Congrès annuel ENCC : la notion de « cycle de soins »
La tarification au parcours pour laquelle aucune tarification optimale n’a encore pris corps, s’annonce « complexe » reconnaît la DGOS. « S’il s’avère possible de calculer un coût théorique du parcours, il en va tout autrement pour son coût réel », a prévenu le directeur de l’ATIH, Housseyni Holla. « Si l’ensemble des coûts théoriques de la tarification au parcours se base uniquement sur l’Evidence based medicine (EBM), c’est une nouvelle usine à gaz tarifaire qui s’annonce », présage le Pr Nathalie Angelé-Halgand, à la tête du Département de recherche en management de la santé à la Faculté de médecine de Nantes. « On est dans la surveillance et le contrôle alors qu’il faut, au contraire, miser sur la capacité à inventer des établissements ». D’où une proposition de quatre doctorants de travailler sur une Tarification au cycle de soins (TCS).
RH contre T2A
« L’obsession tous azimuts de l’activité » inhérente à la T2A a masqué la dégradation des conditions de travail : absentéisme, turn-over, burn-out… constate Jean-Claude Moisdon, directeur de recherche à l’École des mines de Paris. « La tendance est à l’isolement au travail et au déclin du collectif ». Il réclame l’instauration d’indicateurs pour mesurer l’éventuelle corrélation entre l’augmentation de la productivité, née de la T2A, et la dégradation des conditions de travail au sein des établissements. Un programme de travail similaire sera lancé à l’EHESP.
L’art-thérapie coûte cher !
1920 internautes, plein de bon sens, ont « liké » la page Facebook dédiée à la dénonciation d’un achat de tableaux par le CHRU de Montpellier pour un montant de 340 000 euros dont 80 000 euros payés par l’établissement déficitaire.
Languedoc-Roussillon : soigner l’environnement
En Languedoc-Roussillon, 26 cliniques ont engagé une réflexion développement durable et 4 sont enregistrées EMAS (14 en France dans l’ensemble du secteur sanitaire). L’objectif est de diviser par quatre leurs émissions carbone d’ici 2020 selon les objectifs du Grenelle 2. Un bilan d’étape présenté à Montpellier le 7 novembre dernier : 38% des cliniques engagées ont une politique éco-responsable (25% en France), 44% achètent des produits éco-labellisés (19% en France), 6% ont mesuré la qualité de l’air intérieur (19% en France). Par ailleurs, les établissements consomment trop d’eau 660 litres par patient contre 445 litres. Enfin, ils pêchent par un excès d’absentéisme de 10,21% contre 10% au niveau national. Un effet du Sud…