3 questions à Patrick Serrière, président de la Fédération de l’hospitalisation privée d’Île-de-France

Patrick Serrière, président de la Fédération de l’hospitalisation privée d’Île-de-France (FHP), réélu le 10 décembre pour un nouveau mandat de trois ans.

Patrick Serrière, vous venez d’être réélu pour un troisième mandat, vous avez l’engagement syndical chevillé au corps ?
Oui, sans doute, je viens de me réengager pour trois nouvelles années à la tête de la FHP Île-de-France. C’est un grand honneur pour moi de recevoir cette confiance que mes collègues directrices et directeurs m’accordent pour la troisième fois. C’est une charge personnelle lourde qui pèse pour plus d’un tiers de mon temps de travail, et je mets un point d’honneur à l’exercer dans un cadre collectif. Le groupe Générale de santé dont je fais partie en qualité de directeur du pôle Île-de-France Est me permet d’assumer cette mission et d’avoir une vision précise du terrain. A l’instar des autres régions, en Île-de-France, la vie syndicale est démocratique et transparente ; elle s’appuie sur un bureau et un conseil d’administration, composé chez nous de 35 membres élus et très actifs. Notre conseil d’administration est conçu pour représenter à la fois les composantes métiers – MCO, SSR et psychiatrie – les groupes nationaux, les groupes régionaux et naturellement les indépendants. Notre FHP francilienne est forte de 200 établissements. Avec Dominique Boulangé, nous formons un binôme que nous voulons gagnant. Nous nous partageons les rôles et les tâches. Dominique a, par exemple, la charge de représenter la FHP Île-de-France auprès des instances de la CRSA. Avec les administrateurs, nous veillons à entretenir des débats d’idées et visons à produire une image forte et unie vis-à-vis de l’extérieur.

 

Quelles sont les spécificités de la région Île-de-France ?
Nous travaillons comme ailleurs avec nos interlocuteurs, partenaires, concurrents du secteur public et privé non lucratif, mais notre grande spécificité est d’avoir à notre table l’AP-HP, avec plus de 90 000 salariés et 7 milliards de budget ! Quand nous discutons avec les fédérations hospitalières ou avec l’ARS, l’AP-HP est là, incontournable. La tendance est forte pour l’ARS de conditionner ses décisions aux attentes de l’AP-HP et de son déficit, bref soyons clairs, de les aider. C’est également le cas vis-à-vis des établissements publics et ESPIC qui ne parviennent pas à équilibrer leurs comptes. La bataille de l’équité prend alors une toute autre dimension dans ce contexte. Il nous faut trouver notre place, jouer des coudes, et ici tout est démesuré. Il faut occuper le terrain, être très présents dans chaque instance pour obtenir toutes les informations utiles et nécessaires, être prêts à monter au créneau et faire valoir inlassablement une équité de traitement. Néanmoins, et je dois le souligner, nous avons une vraie qualité de débat avec l’ARS et nous bénéficions d’une grande qualité d’écoute. Sans doute en partie aussi car notre secteur pèse en Île-de-France 38% du MCO, 55% de la chirurgie, 69% de la chirurgie ambulatoire, 30% des naissances, nous gérons 27 sites d’urgence sur les 101 que compte la région ou encore nous totalisons presque la moitié des lits de soins aigus, ceux de réanimation/soins intensifs/surveillance continue. Nous pouvons donc aisément tordre le coup aux préjugés qui voudraient cantonner nos établissements à une production de soins dits « légers ». Enfin, en direction de l’ARS, nous savons mettre au regard de cette activité, le fait que nous ne représentons que 26% des lits et places de la région. Notre efficience et notre productivité parlent pour nous.

 

Quels sont vos axes de travail ?
La recherche d’équité ! L’ARS nous écoute et n’est pas forcément à l’aise quand nous mettons en évidence des différences de traitement entre secteurs. Lorsque nous demandons la liste exhaustive et les montants des subventions MIGAC et des FIR distribués aux établissements publics et ESPIC, nous n’obtenons pas de réponse officielle et Claude Évin, directeur général de l’ARS a déclaré lors de notre assemblée générale «  être d’accord avec la transparence, mais pas avec le voyeurisme »  Notre ligne directrice demeure : éviter les polémiques stériles, être constructifs et participatifs, et si nous rencontrons un sujet à véritable enjeu, nous battre. Parfois en vain ! Dernièrement, nous sommes montés au créneau car l’ARS manquait de ressources humaines pour traiter tous les établissements simultanément dans le cadre des CPOM, il a donc fallu accepter un traitement d’un tiers des établissements par an sur trois ans. Nous sommes par ailleurs extrêmement vigilants en ce qui concerne le développement des parts de marché des ESPIC ou encore du secteur public en maternité. Les maternités publiques ont été largement modernisées en Île-de-France, elles sont devenues attractives. En particulier, les maternités publiques de niveau 3, c’est-à-dire disposant d’une unité de réanimation néo-natale, n’hésitent pas à favoriser le développement des accouchements simples ne nécessitant pas cet environnement, et on peut s’interroger sur la bonne adéquation des moyens mis en œuvre et sur la coopération publique-privée que les tutelles appellent de leurs vœux ! Claude Évin nous a bien précisé qu’il avait besoin de nous mais cette concurrence déloyale nous fragilise. Enfin, comme tous, nous sommes vent debout contre la dégressivité des tarifs qui est totalement injuste et contre-productive. En conclusion, nous nous donnons les moyens d’être un vrai partenaire et de mettre en avant les atouts de l’hospitalisation privée.