Combien de bataillons ?

En six jours, près de 60 % des établissements se sont engagés dans le mouvement de résistance visant à infléchir les arbitrages du ministère de la Santé en renonçant à toute nouvelle signature de stage d’infirmière à partir du 1er mars 2014. C’est remarquable pour le secteur de la santé, en général, et historique pour l’hospitalisation privée. Signe que le moment est grave. La posture d’opposant ne nous est pas naturelle. Renoncer à former nos futures infirmières nécessite de nous faire violence et d’expliquer notre fermeté, notre détermination, celles de la victime dans son bon droit. Aujourd’hui, nos établissements sont pris en otage par un gouvernement qui réserve à l’hospitalisation privée un scénario politique, économique et social inéquitable et inacceptable. Aux non encore mobilisés, prenez au plus vite la vague avec les autres, car le courant nous portera tous ou aucun. Hier par courrier, la profession en a appelé à l’arbitrage de François Hollande sur trois points essentiels : la neutralisation du CICE, les missions de service public et la dégressivité tarifaire. Si notre voix ne portait pas, celle de la Cour des comptes résonnera : les économies sont vitales. Toutefois, comme les investissements publics, elles doivent être effectuées avec discernement, motivées et assorties de résultats tangibles, recommandent les sages de la Cour. L’heure des vrais choix a sonné. Croire dans notre secteur et parier sur nos entreprises de soins, c’est défendre l’intérêt général bien supérieur à l’addition des intérêts particuliers. Cher président Hollande, économiser ou investir un euro à l’hôpital ou un euro chez nous, risque fort de ne pas avoir le même bénéfice pour le pays.

Lamine GHARBI
Président du syndicat national FHP-MCO 

 

À « contreparties », nous entendons « pénalités »
Pierre Gattaz jouait une partition solo en marge du voyage présidentiel aux États-Unis, et réagissant aux « contreparties » du pacte de responsabilité rappelées par Pierre Moscovici,et déclarait « Il faut arrêter de gérer par la contrainte. Quand j’entends parler de contreparties dans ce pacte, j’entends aussi des gens qui me disent : “on va vous contraindre, on va vous obliger, si vous n’y arrivez pas vous allez être punis, on va vous mettre des pénalités ». Il faut arrêter ce discours qui est insupportable. On n’est pas dans une cour d’école », a-t-il ajouté.

Sécu : le déficit sera conforme en 2014
Les mesures prises par le gouvernement devraient permettre de ramener comme prévu le déficit du régime général de la sécurité sociale à 9,6 milliards d’euros en 2014, soit une réduction de 3,8 milliards d’euros par rapport à 2013, a indiqué mardi la Commission des comptes de la sécurité sociale dans son premier rapport de l’année.

La Cour vise la Sécu
Le rapport de la Cour des comptes publié cette semaine est plus qu’un « coup de gueule » annuel. Du constat même de son président Didier Migaud, les recommandations de la Cour sont davantage diffusées et entendues. La Cour prévient d’un risque réel de dépassement de la prévision gouvernementale du déficit public à hauteur de 4,1% du PIB, soulignant, « un excès d’optimisme dans le choix des hypothèses techniques utilisées pour le calcul des recettes ». Elle pointe les collectivités locales et la sécurité sociale, comme les deux secteurs au plus fort potentiel d’économies. Dans le viseur : médicaments, chirurgie ambulatoire, permanence des soins, transport sanitaire, HAD et hôpitaux locaux notamment.

PPP à l’hôpital : une procédure improvisée
La Cour ne dénonce pas le principe des partenariats public-privé (PPP), mais l’utilisation que les pouvoirs publics en ont fait et surtout leur incitation. 14 projets dans le cadre du plan Hôpital 2007 font l’objet de critiques : « précipitation », « des enjeux financiers insuffisamment pris en compte », « un dialogue souvent déséquilibré au profit du preneur », « tendance au surdimensionnement », « effort de rationalisation des activités inabouti » et une « insuffisante attention aux évolutions de prise en charge des patients ».

Contre la désertification médicale, un an après
600 contrats d’engagement de service public (CESP) – bourse de 1 200 euros par mois à un étudiant en contrepartie d’un engagement à exercer dans une zone désertée – ont été signés fin 2013, entre les ARS et de futurs médecins ou dentistes. De plus, 180 contrats de praticien territorial de médecine générale (PTMG) – garanti de revenu net mensuel de 3 640 euros – ont été signés. Un « référent installation » destiné à accompagner les médecins dans leurs démarches a été mis en place et des informations jusqu’alors dispersées sont disponibles sur les plateformes régionales d’appui aux professionnels de santé (PAPS). 750 structures d’exercice collectif sont actuellement recensées, dont 370 maisons de santé pluri-professionnelles (MSP) et 380 centres de santé polyvalents. Le nombre de MSP a doublé depuis mai 2012 avec un objectif de 600 d’ici la fin de l’année. Par ailleurs, visant des soins pour tous à moins de 30 minutes, les médecins correspondants du Samu (MCS) passeront de 150 en 2012 à 650 fin 2014. Un autre engagement de la ministre est de « permettre aux praticiens hospitaliers et salariés d’appuyer les structures ambulatoires ». Un décret facilitera leur admission et sera présenté en mars.

À quand une campagne anti-tabac dans les établissements de santé ?

Le 3e plan cancer est lancé, il est ambitieux et marque l’attention que les pouvoirs publics portent à cette maladie, notamment leur volonté de lutter contre le tabagisme. Toutefois, le C2DS déplore, une nouvelle fois, que la priorité soit donnée au volet curatif au détriment du préventif, un contresens sanitaire, social et économique. C’est la raison pour laquelle le C2DS sollicite le soutien des fédérations hospitalières ainsi que le soutien et le parrainage du ministère de la Santé pour déployer une campagne anti-tabac dans les établissements de santé. En septembre dernier, Marisol Touraine s’engageait à interdire le tabac dans les parcs ou à proximité des écoles. Le C2DS rencontrait alors son administration pour proposer d’étendre cette interdiction aux abords des établissements hospitaliers. De plus, le C2DS propose un plan simple de lutte contre le tabagisme autour de douze propositions fortes à destination des patients mais également des salariés qui, d’une part, sont également victimes de tabagisme, d’autre part, ont un devoir d’exemplarité. Par ailleurs, arrêter de fumer avant un acte chirurgical réduit le taux de risques d’infections nosocomiales, favorise la cicatrisation et améliore la vascularisation.
L’objectif du C2DS est d’engager le secteur hospitalier dans cette lutte contre le tabagisme au cœur du 3e plan cancer.