3 questions à Patrick Serrière, président de la Fédération de l’hospitalisation privée d’Ile-de-France

Patrick Serrière, président de la Fédération de l’hospitalisation privée d’Ile-de-France

Vous êtes la région la plus importante en nombre d’établissements privés, quel est votre niveau de mobilisation ?
La mobilisation de nos établissements correspond à la moyenne nationale du secteur, c’est-à-dire excellente, au-delà de 80 %. Le mouvement a démarré de façon spontanée puis très vite nous avons nommé une directrice ou directeur référent par département pour motiver les professionnels de leurs territoires, qu’ils connaissent de fait très bien. Le Val d’Oise notamment est exemplaire. Les établissements sont très actifs, et très dynamiques aussi en ce qui concerne les relations avec les médias. Se mobiliser n’est pas une posture naturelle, en général pour le secteur de l’hospitalisation privée, et en particulier en Ile-de-France où nos établissements sont très concurrentiels en intra ou inter-secteur. Nous n’avons pas cette culture. Sans aucun doute, et à ce stade, ce mouvement aura servi à resserrer les liens entre les professionnels et leur a permis de prendre conscience qu’ils étaient une corporation unie, qui sait faire preuve de solidarité.

Un des trois points de la mobilisation vise à établir une équité entre les secteurs hospitaliers au sein d’un service public de santé territorialisé. Un sujet que vous connaissez bien en Ile-de-France ?
Oui, nous nous battons depuis des années pour une meilleure équité et une prise en compte de notre activité et de nos talents. En juillet dernier, lors de la visite de Marisol Touraine à l’Hôpital privé de Trappes, un établissement emblématique de nos missions de service public avec notamment ses 60 000 passages en urgence, je l’avais interrogée précisément sur ce sujet. Sa réponse était qu’il n’y avait pas de principe d’exclusivité du secteur public hospitalier et qu’un établissement privé pouvait être le pivot d’un service public territorial. Depuis, nous n’avons eu de cesse de remettre ce sujet à l’ordre du jour de nos réunions avec l’ARS. Nous pouvons dire que nous avons avancé avec la mise en place prochaine de groupes de travail et de négociation sur l’identification de territoires par pathologie. C’est un vaste chantier qui nous amène à nous placer du point de vue du patient et à réfléchir à l’organisation de territoires de tailles diverses (cela peut aller de la région entière à un ensemble de communes en passant par le département qui est le territoire de référence à ce jour en Ile-de-France) en fonction d’une liste de pathologies qui reste également à définir. La réflexion est naturellement différente pour la neurochirurgie et par exemple pour la prise en charge des patients diabétiques, cela nécessite des coordinations avec des acteurs différents, je pense au médico-social, la HAD, la médecine de ville, etc. Cette fluidité et efficacité des soins sont à construire. Les résultats de ces travaux permettront au final de lancer des appels d’offre tous professionnels de santé et statuts confondus. Nous posons aujourd’hui de grands principes que nous partageons, ce qui est une avancée.

La mobilisation actuelle de l’hospitalisation privée appelle les acteurs et les tutelles au fond à s’interroger sur le comment travailler ensemble, concrètement en Ile-de-France, comment cela se passe-t-il ?
Ce que nous disons en Ile-de-France est simple. L’hospitalisation privée est prête collectivement à réaliser des économies, cela participe aussi de notre responsabilité. Mais nous disons simultanément que nous surveillons de très près les économies réalisées, ou pas, par les autres secteurs. Nous restons vigilants et veillons à la pertinence des rénovations, constructions, restructurations du secteur public. Chaque fois que notre secteur se restructure c’est pour gagner en efficacité, par exemple en réduisant ses capacités d’hospitalisation en développant la chirurgie ambulatoire. Aujourd’hui, nous constatons que les efforts de restructuration du secteur public aboutissent au résultat inverse et nous assistons à une inflation des volumes. Nous comptons capitaliser sur notre mobilisation nationale pour, aussi en région, créer les conditions d’ouverture d’un nouvel espace de négociations et d’un mieux vivre ensemble.