3 questions au Dr Patrick Gasser, président de l’Union régionale des professionnels de santé

Dr Patrick Gasser, gastroentérologue à Nantes, président de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Pays-de-Loire, et élu, le 15 mars dernier, président de l’Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE), succédant ainsi au Dr Jean-François Rey.

Pouvez-vous nous repréciser ce qu’est votre organisation ?
L’UMESPE est la branche des médecins spécialistes au sein de la CSMF. Nous sommes le plus important syndicat intégrant toutes les spécialités. Nous sommes donc représentatifs de cette population médicale. A l’instar d’autres organisations, nous avons deux articulations, celle des syndicats verticaux (cardio, pneumo, ortho, etc.), la plus importante, et celle des syndicats départementaux, tous adhérents par ailleurs à la centrale CSMF.

Qu’est ce qui motive, à un moment donné,un chirurgien à se lancer dans l’aventure syndicale, à ce niveau ?
Je crois qu’à un moment donné de votre cursus, vous vous mobilisez sur des éléments qui vous touchent. Vous pensez qu’il faut faire bouger les choses et vous commencez à réfléchir à des problèmes d’organisation, etc. Vous acquérez progressivement ce réflexe qui vous pousse à dire, défendre et surtout à construire. Et vous commencez à vous passionner ! C’est ensuite tellement intéressant, tellement prenant que très vite, vous ne faites que ça. Hier, j’étais à Paris pour une journée syndicale avec l’organisation d’une conférence de presse, de rendez-vous, puis j’ai pris le train et je suis revenu sur mon territoire, sur le terrain, ce matin, vous m’interrogez avant mon entrée au bloc. Ces rencontres, ces échanges sont passionnants. Je crois par ailleurs, qu’il faut rester très humble par rapport à ses missions et espérer avoir la satisfaction de participer à l’évolution de la situation. Un métier qui n’évolue pas, c’est un métier qui se sclérose. La société autour de nous évolue et nous avons le devoir de faire de même.

Quels seront les grands dossiers sur lesquels vous allez engager l’UMESPE ?
Le premier point est celui de la reconnaissance des spécialités, en tant que telles et dans le parcours de soins. Dans la Stratégie nationale de santé de notre gouvernement, nous avons le sentiment que les médecins spécialistes sont laissés de côté. Qui prend en charge le patient dans sa globalité et ses pathologies ? Qui fait son bilan ? C’est aussi le médecin spécialiste ! Il a donc toute sa place et doit la revendiquer. Demain, nous voulons faire plus d’ambulatoire, qui est le plus à même de prendre en charge ce dispositif ? Le médecin spécialiste ! Il structure la prise en charge du patient en amont et en aval. Sa reconnaissance est essentielle. Le deuxième dossier est celui de la revalorisation des actes cliniques, techniques. L’avenant n°8 a permis d’avancer à la marge mais nous sommes loin d’avoir récupéré toute l’antériorité qui nous serait due. Au minimum, le financement doit couvrir le coût des pratiques, sachant naturellement que nous réalisons tous les actes, y compris les non rentables. Il faut souligner que le coût de certains équipements dépasse déjà celui de l’acte remboursé au médecin. Aujourd’hui, le médecin accompagne son patient et a des coûts également de personnel, dits de structure, qu’il faut également financer. En 2014, je vais donc me concentrer sur l’évolution tarifaire. Enfin, concernant la permanence des actes, il faut obtenir une équité public/privé car il n’est pas acceptable que certains soient indemnisés et d’autres, non. Je veux également accélérer le passage des internes par l’exercice libéral en cabinet et en clinique. Il faut que demain tous les internes aient cette expérience. C’est ainsi que nous redonnerons de l’attrait à l’exercice libéral et que nous pourrons mailler le territoire et répondre aux demandes de soins. Je souhaite aussi resserrer les liens avec l’hospitalisation privée et être très actif au sein du CLAHP qui doit retrouver son rôle. Mais mon premier message sera que nous voulons conserver notre indépendance par rapport aux directions d’établissements et donc écarter la perspective du salariat. Nous souhaitons davantage de concertation et ainsi ensemble nous garantirons de meilleurs soins.