Un « retournement »… dans le bon sens

Marisol Touraine s’est exprimée sur les grands axes d’économies prévues dans le secteur de la santé mais le détail de cette grande masse de 10 milliards d’euros reste encore flou. Le prochain PLFSS en donnera, au fil de sa préparation, les découpes budgétaires précises. Le travail des parlementaires sera crucial, et nous saurons les alerter sur nos enjeux. Selon un sondage Sofres de janvier dernier, la santé et la qualité des soins campaient en deuxième place des préoccupations des Français, derrière le chômage. Selon un sondage IFOP de fin avril, six Français sur dix jugent inefficace l’argent public dépensé par l’hôpital mais peu d’entre eux en souhaitent une diminution. Ils sont attachés à cette institution de l’État providence, sanctuarisée dans leur esprit. Le coup de rabot annoncé est peu structurant pour le secteur de la santé, répondra-t-il à cette attente de l’opinion ? Le plan d’austérité permettra-t-il de réaliser les économies escomptées ? Nous pouvons déjà être sûrs qu’il ne prépare pas l’avenir. L’économie de notre pays attend le retour de la croissance, à l’inverse, l’économie de la santé n’est pas pressée de connaître la décroissance qu’on lui réserve. D’aucuns instillent enfin le doute que la mixité public/privé de notre système de santé creuse le déficit de la sécurité sociale, en somme, comme un coûteux doublon, alors que notre gestion rigoureuse a permis au contraire de préserver les finances publiques. Les acteurs engagés et responsables que nous sommes, ayant le sens de l’intérêt général, ont besoin d’un « retournement », oui, mais pas dans le même sens.

Lamine GHARBI
Président du syndicat national FHP-MCO

Stratégie ou économie politique
Selon la dépêche de l’agence Hospimédia de ce jour qui relate les propos de Marisol Touraine invitée à un conseil d’administration de la FHF,  « la ministre a abondé dans le sens de la FHF, en déclarant notamment qu’elle était favorable à réserver les autorisations d’équipement aux établissements remplissant des missions de service public, sans pour autant vouloir « ouvrir une guerre entre les secteurs privé et public ». Pour autant, la ministre s’oppose à un moratoire sur la fermeture de lits sanitaires dans les hôpitaux locaux (…) Au sujet de la médecine de ville, Marisol Touraine pense que le recours aux urgences hospitalières n’est pas forcément dû à une désorganisation de la médecine de ville : « Si l’on va aux urgences à l’hôpital c’est d’abord parce qu’il y a tous les services nécessaires sur place.» La ministre a également réaffirmé que les ARS « n’ont pas vocation à s’ingérer dans la vie interne des établissements » et doivent acquérir une « culture de l’ambulatoire ». Dans le cadre de la future réforme territoriale, Marisol Touraine a annoncé que leur suppression n’était pas prévue mais n’a apporté aucune réponse sur une réduction du nombre d’ARS. » (extrait de la dépêche Hospimédia)

L’OMS alerte sur la résistance aux antibiotiques
L’OMS affirme que la résistance aux antibiotiques est « désormais une grave menace pour la santé publique ». Selon cette organisation, « des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer. L’enjeu est mondial, car les germes se jouent des frontières ». Il s’agit de susciter une prise de conscience générale face à l’émergence de bactéries qui deviennent parfois résistantes à tous les antibiotiques disponibles. Aujourd’hui, on estime que ce problème entraîne 25 000 décès par an, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. Selon les pays, les prescriptions d’antibiotiques varient parfois de un à quatre.

Chirurgie ambulatoire et suppression de lits
5 milliards selon la Cour des comptes, 1 milliard selon Marisol Touraine, ou 500 000 euros selon la FHF, d’économies sont attendues de la chirurgie ambulatoire. En 2016, la moitié des patients devront sortir de l’hôpital ou de la clinique le jour même de l’opération, a annoncé Marisol Touraine. Les hôpitaux seront-ils prêts à fermer des lits ? « Le développement de la chirurgie ambulatoire à 50 % engagerait une suppression de 32 000 lits de chirurgie et de 62 000 lits pour un taux de chirurgie ambulatoire de 80 % », souligne le Dr Gilles Bontemps, directeur associé de l’ANAP« Un lit, c’est en moyenne 100 mètres carrés. Or un mètre carré représente pour l’établissement une dépense de 1 000 euros par an. Un lit vide coûte donc de l’argent à l’hôpital ».

Pas de certification avec réserves
Selon un baromètre de la HAS, quelque 1 651 établissements de santé étaient concernés par des mesures de suivi sur les 1 997 ayant obtenu leur résultat de certification V2010 (1 456 réserves notifiées dont 193 réserves majeures). Reste au final, une cinquantaine d’établissements certifiés avec réserve même après le suivi. La V2010 (édition janvier 2014) corrige cette « erreur » : un établissement faisant l’objet d’une réserve ne sera pas certifié par la HAS tant que ces réserves n’auront pas été levées dans le cadre d’un suivi.

Chirurgie : imprimer en 3D
L’imagerie médicale permet aujourd’hui d’obtenir une image en trois dimensions de l’ensemble de l’organisme, notamment grâce au scanner, à l’échographie et à l’IRM, qui recueillent des informations de plus en plus précises. Ces images, enregistrées sous forme de données numériques, peuvent ensuite être utilisées pour programmer une imprimante 3D. Ces maquettes sont largement utilisées par les étudiants ou les chirurgiens pour s’exercer à des gestes nouveaux ou difficiles ; elles sont aussi fabriquées sur mesure pour leurs patients afin de préparer une intervention plus difficile.

Complémentaires : une obligation pour les entreprises
Toutes les entreprises devront proposer une complémentaire santé à leurs salariés à partir du 1er janvier 2016. Nous disposons donc d’un délai de deux ans pour nous conformer à la loi. Notez également qu’à compter du 1er juin 2014 pour les frais de santé, et du 1er juillet 2015 pour la prévoyance, à chaque rupture de contrat de travail, les garanties sont maintenues gratuitement pour les salariés pendant douze mois (au lieu de neuf auparavant), et cela dans toutes les entreprises.

La Charte de l’environnement appliquée aux établissements de santé et médico-sociaux
En juin 2014, la Charte de l’environnement fêtera ses dix ans d’adoption par l’Assemblée nationale et le Sénat. C’est l’occasion pour le C2DS de faire le point sur sa portée constitutionnelle et son lien avec le développement durable en santé. Cette charte sera le fil rouge de la prochaine Agora, conférence annuelle du C2DS le 24 juin à Paris. Nous nous interrogerons sur le sens de ses articles pour les décideurs des politiques publiques de santé, les établissements de santé, leurs salariés et leurs patients. Comment peuvent-ils, par exemple, contribuer au « droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé » ? (Art 1), accomplir leur « devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement », « prévenir les atteintes qu’ils sont susceptibles de porter à l’environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences » ? (Art 2 et 3). Par ailleurs, quelle place laissent-ils à « l’éducation et la formation à l’environnement » ? (Art 8) et à « la recherche et l’innovation » (Art 9) ?