3 questions à Dr. Frédéric Trentini, chirurgien à la Polyclinique Saint-Roch

Dr. Frédéric Trentini, chirurgien à la Polyclinique Saint-Roch, Montpellier, titulaire du trophée FHP « Qualité et Relations Patients ». Ses taux d’ambulatoire pour la chirurgie du cancer du sein : 89% pour la chirurgie du cancer du sein tous cancers confondus, 94% dans le traitement classique du cancer du sein avec conservation et 75% pour la mastectomie.

Dr. Trentini, vos taux d’ambulatoire pour le traitement chirurgical du cancer du sein sont exorbitants. Comment êtes-vous parvenus à ce résultat ? En France, seulement 90 mastectomies par an sont effectuées en ambulatoire et j’en réalise la moitié. Ce qu’il faut savoir, c’est que la chirurgie ne change pas, mais c’est l’organisation et l’encadrement de l’acte que nous avons revus. C’est très pédagogique, pour la patiente, nous anticipons au cours de réunions tout ce qui va se passer. Bien informée, elle arrive le jour de l’opération en se concentrant seulement sur l’acte. Toutes les formalités administratives sont prises en charge en amont. Une fois l’opération réalisée, un kiné et une psychologue passent systématiquement voir la patiente. Le kiné lui montre les mouvements qu’elle peut réaliser, la psychologue la rassure, et la patiente rentre chez elle en toute connaissance de cause. Dans l’esprit des patientes, c’est un geste simple, sans danger. On l’explique et le simplifie. Pour moi, l’ambulatoire est comme un numéro de cirque : quand on le voit, ça a l’air simple, mais c’est parce que le numéro a nécessité beaucoup de travail en amont. C’est de l’éducation thérapeutique pure et de la coordination et c’est la suite logique du projet antiope, avec les infirmiers pivots. La seule véritable contre-indication à l’ambulatoire dans le traitement chirurgical du cancer du sein est le fait d’être seul chez soi, comme après toute intervention. C’est ce qui m’empêche de réaliser du 100% !

Comment s’est déroulée la mise en place de l’ambulatoire dans votre établissement ? Très facilement ! Le fait que je sois le seul chirurgien, avec une équipe réduite et motivée a évidemment simplifié les choses. J’ai aussi bénéficié d’un soutien très fort de la direction et du groupe Oc Santé. Le  service d’ambulatoire existait déjà, c’était un choix de développement de l’établissement, tout a été très simple et très rapide.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer à vos collègues chirurgiens ? Il existe des marges d’amélioration très faciles à réaliser en matière de chirurgie ambulatoire du cancer du sein. Avec de l’organisation et de la pédagogie, le taux de 50% d’ambulatoire peut être atteint sans problème. L’ambulatoire dans le traitement des cancers n’est pas nouveau : il se pratiquait déjà dans les années 70 aux USA et dans les années 80 en Allemagne. Jusqu’ici, les principaux blocages à sa mise en place sont des blocages médicaux. Il faut la volonté des praticiens, mais maintenant qu’il n’existe plus de borne basse, qu’ils osent !