Quand la France, l’élève le moins vertueux des pays européens avec un déficit annoncé de 4,4 %, arrache le poste de commissaire européen aux affaires économiques, cela me rappelle l’hôpital public promu grand ordonnateur des territoires sanitaires dans le projet de loi de Santé. La France et le secteur public hospitalier sont tous deux paralysés par un déficit chronique et une incapacité à se réformer ; ils vont pourtant expliquer aux autres comment s’y prendre. Notre pays est frappé d’une forme d’inconscience dans l’exercice de l’État. Voilà le pitch ! L’hospitalo-centrisme est une bombe à fragmentation économique, financière, politique, sociale et médicale. Réflexe de Pavlov, les troupes s’identifient et les rangs se resserrent. Les acteurs libéraux, établissements et médecins, créent progressivement une force qui doit s’imposer comme le contre-pouvoir nécessaire, car sans confrontation, le pouvoir fonctionne en vase clos. Et si nous devenions tous des procrastinateurs, à l’instar de l’ex secrétaire d’État, et remettions toujours à demain les tâches (payer ses impôts, par exemple) dont nous pouvons nous acquitter le jour même ou si encore nous développions des phobies administratives ? Très rapidement, il faut soigner la phase aiguë et s’engager avec détermination dans le long tunnel du PLFSS 2015 puis de la loi Stratégie nationale de santé, mais surtout s’employer à soigner le chronique. Nous bataillerons sur les chiffres, mais nous ne nous laisserons pas enferrer dans un discours économique car c’est un projet sanitaire, un projet de société qu’attendent nos concitoyens.
Lamine Gharbi
Président du syndicat national FHP-MCO
La FHP avance dix propositions
4 mesures d’économies à effet immédiat et 6 réformes systémiques pour un système de santé plus efficient et pour dégager 14 milliards d’euros d’économies. Les 4 mesures :
- Mettre fin à l’incohérence des TJP à l’hôpital (1 milliard par an d’économies).
- Établir une règle d’or : la meilleure offre au meilleur coût (7 milliards pour le seul secteur MCO).
- Des financements dédiés et pas des subventions déguisées : ne plus financer les déficits (750 millions).
- Adapter l’offre hospitalière publique : fixer un objectif de réduction de l’ONDAM hospitalier public de 1 % par an pendant cinq ans (540 millions).
Lire le communiqué de presse.
Une baisse du reste à charge
Le rapport de la commission des comptes de la santé sur les dépenses de santé en 2013 publié cette semaine en atteste : pour la deuxième année consécutive le reste à charge des ménages est passé de 9,2 % à 9 % de 2011 à 2012, puis à 8,8 % en 2013 alors qu’il avait connu l’évolution inverse entre 2006 et 2009. Le ministère l’explique par le coup d’arrêt au déremboursement et aux franchises et la maîtrise des dépassements d’honoraires, et la DREES complète l’explication par la baisse de la consommation de médicaments non remboursables.
La France 11e dans l’OCDE pour ses dépenses de santé
La dépense courante de santé de la France s’est élevée en 2012 à 11,2 % du PIB, ce qui la place dans le groupe de tête des pays de l’OCDE, nettement derrière les États-Unis (16,2 %), à un niveau proche de la Suisse (11,4 %) et des Pays-Bas (11,2 %) et devant l’Allemagne et la Belgique (10,9 %). Corrigée des parités de pouvoir d’achat, la France se situe au 11e rang, juste au-dessus de la moyenne. Elle est aussi un des pays où la prise en charge des dépenses de santé par des fonds publics est la plus importante et où le solde à la charge des ménages est le plus faible. Pour rappel et selon le rapport de la DREES, la part des dépenses prise en charge par la sécurité sociale et la solidarité nationale a progressé de 77 % en 2011 à 77,4 % en 2013.
La France se « social-démocratise »-t-elle ?
Selon un sondage CSA, des Échos et de l’Institut Montaigne : pour 2 Français sur 3, le gouvernement n’en fait « pas assez » pour les entreprises. Cette conviction s’impose dans l’ensemble des catégories de population, même si les salariés du privé et les travailleurs indépendants (71 % et 68 %) sont plus nombreux à le penser, ainsi que 72 % des ouvriers et 74 % des 25-34 ans.
Si les sympathisants de droite semblent presque unanimement convaincus (81 %), les sympathisants de gauche sont plus divisés : 44 % d’entre eux jugeant que le gouvernement n’en fait « pas assez« , 26 % qu’il en fait « trop » et 22 % « comme il faut« .
Du 16 au 22 septembre, semaine européenne de la mobilité
À l’occasion de cette nouvelle édition de la Semaine européenne de la mobilité soutenue par le ministère de l’Écologie, de nombreuses initiatives sont lancées, afin de repenser notre façon de nous déplacer, la pollution engendrée par nos déplacements (notamment les gaz à effet de serre) et l’insécurité potentielle. Une semaine pour analyser notre comportement ; essayer, ensemble, d’améliorer notre qualité de vie et la qualité de l’air, chercher des solutions efficaces, plus en phase avec l’espace public, l’environnement et nos concitoyens. Transports en commun, covoiturage, autopartage, vélo, etc., de nombreux établissements de santé ont pris conscience de l’impact écologique des déplacements liés à leur activité et redoublent d’idées pour le réduire.