3 questions à Marianne Binst, directrice générale et fondatrice de Santéclair

3 questions à Marianne Binst, directrice générale et fondatrice de Santéclair
Parlez-nous de Santéclair. Comment avez-vous eu l’idée d’une telle entreprise ?
C’est quelque chose qui se pratique déjà dans d’autres pays. J’ai observé que les complémentaires, pour qui nous travaillons, n’avaient de contact avec leurs clients qu’au moment de la signature du contrat, un contact commercial, donc, et plus tard, uniquement lors du remboursement par l’intermédiaire des équipes administratives. Par contre, il manquait un échelon capital : la rencontre avec le professionnel de santé. L’étape du rendez-vous avec le praticien était la boîte noire, alors que les complémentaires, qui solvabilisent cette rencontre, sont souvent en possession de données intéressantes. Nous proposons donc à nos clients une aide à la navigation dans le système de santé. Santéclair est une entreprise d’aide aux consommateurs dans le domaine de la santé. Nous nous assurons que nos clients se voient proposés de bons soins à un bon prix, nous mettons en place des réseaux de professionnels de santé, nous procédons à des analyses de devis. Le patient n’est pas seulement un patient, mais un consommateur de soin qui a besoin d’être informé pour être responsable dans ses choix. Le législateur a rendu les devis obligatoires pour toute une série d’activités de santé (le soin dentaire, l’optique, la chirurgie…) mais les patients ne savent pas toujours les analyser. Nous les aidons à situer un devis par activité, sur un secteur géographique, et nous introduisons également une notion de palmarès. Aujourd’hui, Santéclair a 8 millions de clients.

Constatez-vous une spécificité du secteur privé dans les devis que vous recevez ?
J’insiste beaucoup auprès des établissements pour que nos clients reçoivent un seul devis pour leur séjour, et non un devis du praticien en plus d’un devis de la clinique. C’est important pour les patients, qui veulent savoir ce que va leur coûter leur intervention et avoir une vision globale de leur hospitalisation. Il y a moins souvent de dépassements d’honoraires dans le public, mais nous recevons aussi des devis d’hôpitaux publics.

Comment imaginez-vous une évolution de votre travail ? À mon sens, il faudrait que les chirurgiens  se défassent d’une pratique « à l’ancienne », qui consiste à adapter ses compléments d’honoraires au profil et à la couverture sociale de leur patient. Cet ajustement est choquant, car il ne prend pas en compte la vraie situation des patients : un patient sans complémentaire peut être très riche, et inversement. Cette habitude ancienne part d’un bon sentiment mais nuit à la transparence des tarifs. Personne n’y trouve son compte, ni les patients, ni les complémentaires qui s’interrogent sur ces tarifs « à la carte ». Il ne faut pas avoir de réticence à afficher des tarifs, et à s’y tenir. Ce flou entretenu sur les tarifs crée inutilement de la méfiance, alors même que dans la plupart des cas, les dépassements d’honoraires se déroulent correctement. Nous sommes à un moment charnière, où les cultures de santé sont en train de se métamorphoser. A mon avis, il faut que les praticiens s’organisent entre eux au sein d’un même établissement et se coordonnent avec les établissements eux-mêmes. Il s’agit d’un travail d’équipe et pas d’un acte isolé.