3 questions à Dr Jean-Luc Baron, président de la Conférence des présidents de CME de l’hospitalisation privée

3 questions à Dr Jean-Luc Baron, président de la Conférence des présidents de CME de l’hospitalisation privée.

Dr Baron, que pensez-vous des résultats du questionnaire de la FHP-MCO, piloté par l’agence de communication BVM, aux médecins libéraux sur leurs relations avec leurs établissements ?
Le taux de retour est extrêmement important. C’est ce qui se passe quand on implique les CME. Au-delà de ça, je n’ai pas été étonné, nous savons qu’il existe une bonne entente entre les praticiens et leurs établissements. Même si l’accès à l’innovation est réglementé dans le privé, la mise à disposition de plateaux techniques, le travail en collaboration laisse entrevoir que les praticiens sont attachés à leurs établissements. J’aimerais commenter un chiffre plus particulièrement : la rémunération est un déterminant du choix du secteur privé pour seulement 7 % des praticiens libéraux, de quoi mettre à mal certains préjugés. On le sait, la rémunération n’est pas la priorité des médecins. Dans les spécialités qui sont bien rémunérées, comme la chirurgie cardiaque, il n’y a quasiment pas de dépassements d’honoraires. Ce qui pousse les praticiens à choisir le libéral, c’est l’indépendance, le fait de pouvoir exercer son métier sans pression hiérarchique. Pour moi, ce chiffre est un marqueur du vrai visage de la médecine libérale. Autre chiffre intéressant : un médecin libéral sur deux travaille depuis plus de 15 ans dans le secteur privé. Le médecin libéral est assez sédentaire, il dépend de son nom et de sa clientèle. Il est fidèle à sa clientèle encore plus qu’à son établissement. Le métier fixe à l’endroit où l’on pose sa plaque.

Que pensez-vous de la loi de santé ?
Les praticiens qui ont une âme libérale ne pourront jamais s’y retrouver. Elle fait du modèle hospitalier public un modèle unique, contre toute rationalité économique, c’est de l’idéologie pure. Comment réfléchir à mieux assurer un service territorial, si l’on ne nous associe pas à la gouvernance ? Si le pilotage des projets est laissé au seul secteur public ? Les praticiens libéraux ne sont pas des individualistes, de nombreuses initiatives de coopération pour améliorer les parcours de soins des patients le prouvent. Si l’on part du travail des médecins, il existe déjà de superbes initiatives. La Conférence des présidents de CME appellera les médecins à débuter le mouvement à partir du 24 décembre, dans le même temps que les syndicats médicaux, et à le prolonger le 5 janvier, par le mouvement initié par les établissements. Les enjeux sont tels qu’il ne faut pas diviser les praticiens libéraux qu’ils soient généralistes, spécialistes ou exerçant en établissement, et le lobbying n’est efficace que si nous parlons d’une seule voix.

Que pensez-vous de l’affaire Corentin à  Metz ?
Au CME, notre mission est la gestion des risques. Nous savons donc qu’elle implique de pouvoir s’appuyer sur de sérieux référentiels. Dans nos métiers, nous avons besoin de référentiels écrits. En général, on sait qu’un événement indésirable est toujours la conséquence d’un ensemble de causes, mais on ne peut pas pour autant montrer les chirurgiens du doigt, quand ils n’ont pas forcément tous les éléments en main pour prendre la bonne décision. Les évènements indésirables sont hélas répartis équitablement entre secteur public et secteur privé.