3 questions au Dr Gilles Schutz, PDG de la Clinique de l’Alma à Paris

Dr Gilles Schutz, PDG de la Clinique de l’Alma à Paris, dont nous avons recueilli les propos à l’occasion du rapport de l’économiste Jean de Kervasdoué sur le tourisme médical, rendu public le 5 février dernier.

Qu’est ce qui vous a motivé à recevoir des patients étrangers ?
Précisons le contexte. Tout d’abord, à la clinique de l’Alma, comme tous nos collègues, nous accueillons tous les patients de notre territoire : nous sommes un établissement de proximité au centre de Paris. Avec nos équipes, nous réfléchissons constamment à améliorer notre offre, à nous diversifier, nous ouvrir à l’innovation. Dans un cadre financier très contraint, nous avons réfléchi à des pistes de développement hors sécurité sociale. C’est la petite marge de manœuvre dont disposent les établissements privés. Le tourisme médical est une idée, je dirais, parmi d’autres. C’est celle que nous développons depuis environ deux ans au sein d’un projet d’établissement structuré et solide.

Quel est le potentiel de ce tourisme médical ?
Kervasdoué le présente comme une poule aux œufs d’or. C’est une très mauvaise approche et je ne crois pas du tout aux prévisions de deux milliards d’euros annoncés surtout si ces patients sont accueillis dans des hôpitaux pour remplir des blocs opératoires surdimensionnés et très coûteux. A l’heure d’une dette publique abyssale, il y a sans doute d’autres économies à faire. Concernant notre secteur, la souplesse d’organisation et l’excellence de nombre de nos établissements sont des atouts importants pour développer de façon prudente et mesurée ce tourisme médical. De plus, il serait intéressant au sein de notre secteur de travailler en réseau, chacun avec ses spécialités. La France est très compétitive sur le plan international, davantage que l’Allemagne, les États-Unis ou encore les excellentes cliniques en Tunisie ou au Maroc.

Concrètement, comment êtes-vous organisés ?
Il y a deux ans, nous avons lancé des travaux, nécessaires par ailleurs, et nous en avons profité pour aménager dix chambres VIP. Notre emplacement en plein Paris et la renommée internationale de certains de nos praticiens nous permettent d’être optimistes sur le développement de cette activité. Nous travaillons avec un organisme spécialisé qui accompagne ces patients très exigeants depuis leur domicile jusqu’à leur retour, ce qui comprend la traduction, la « conciergerie » du patient lui-même et de ses proches, et la garantie également de la rémunération du séjour. Il faut rester très prudent sur l’organisation de ces séjours et rester très sélectif, anticiper par exemple les complications. A l’Alma, les patients étrangers viennent chercher principalement des soins en ophtalmologie et en urologie, notamment avec l’utilisation du robot.