3 questions à Nicole ITHURRIA, directrice de la Polyclinique Côte Basque Sud

Nicole ITHURRIA, directrice de la Polyclinique Côte Basque Sud, à Saint-Jean-de-Luz (64) 

Une baisse des tarifs de 2,5 % : est-ce la récompense de la ministre pour avoir levé le préavis de grève en janvier ? Nous constatons un mépris de Marisol Touraine, assorti d’une méconnaissance complète du secteur privé ! Cela occulte l’ensemble du travail et des missions accomplies par le secteur privé et agit comme une machine de guerre à l’encontre du monde libéral. Par ailleurs, je suis tout à fait solidaire de la décision de mon syndicat, car je ne suis pas sûre que la grève soit la meilleure façon de protester : nous avons des responsabilités face aux patients, il faut continuer à les assumer. Mais, je le répète : je suis catastrophée par ce mépris, il me laisse sans mot.

Concrètement, pour votre établissement, qu’est-ce que cette baisse des tarifs signifie ? Pour nous, en 2015, la baisse des tarifs correspond à notre marge bénéficiaire nécessaire pour nos investissements. Cela va nous mettre sérieusement en difficulté et nous devrons réaliser d’importantes coupes dans notre budget de fonctionnement si nous voulons maintenir notre niveau de technicité. Nous allons devoir redoubler de créativité pour maintenir, par exemple, les efforts d’investissements concernant l’équipement d’urologie entamés depuis le début de l’année, sachant qu’il s’agit de la poursuite d’un objectif donné par le ministère, celui d’améliorer la qualité des services ambulatoires. Notre établissement situé à Saint-Jean-de-Luz, à mi-chemin entre la frontière espagnole et le secteur urbain que sont Bayonne et Biarritz, joue un rôle important dans le maillage sanitaire et social de ce sous-secteur. La non-reconnaissance du travail accompli au cours des dernières décennies par notre établissement nie notre mission de service public avec une structure d’urgence recevant 15 000 patients par an. Contrairement aux idées reçues, nous ne sommes pas habitués dans notre clinique de proximité à tout rentabiliser pour effectuer des profits. Ce n’est pas notre logique. À l’heure actuelle nous nous interrogeons sur la façon de réaliser des économies sans nuire à la qualité des soins. Une chose est sûre : nous devrons faire preuve d’imagination !

Comment la profession doit-elle préparer la campagne tarifaire 2016 ? Le dialogue est rompu avec le ministère mais cela n’est pas de notre fait. La FHP a tenté tout ce qui était possible et nos propositions n’ont pas été entendues par pur dogmatisme. Il faut s’adresser aux Français et à la presse, qui ne nous est presque jamais favorable. Citons nos chiffres, et mettons en exergue nos missions. Affichons nos coûts réels pour l’assurance maladie (honoraires compris) qui nous placent largement en-dessous des coûts publics. Promouvons que tous les patients peuvent venir dans nos établissements quelle que soit leur couverture sociale. Communiquons sur notre professionnalisme et notre excellence qui garantissent la sécurité à tous nos patients.