Interview du Dr Guillaume Marchand, Président fondateur de DMD santé

Vers une autorisation de mise sur le marché des applications santé ?

Dans le secteur de la santé, qu’attendre des objets connectés ? « Ce ne sont nullement des gadgets » précise d’emblée le Dr Guillaume Marchand, psychiatre, rédacteur de What’s up Doc, et président fondateur de DMD, plate-forme d’évaluation d’applications et d’objets connectés liés à la santé. « C’est le contexte médical qui doit d’abord parler. Par exemple, il est difficile pour les soignants de suivre une file active de plusieurs centaines ou milliers de patients en post-opératoire. Il existe une appli d’accompagnement post-opératoire qui interroge le patient de retour à son domicile sur des indicateurs simples. En fonction de ses réponses, il peut passer en zone orange où d’autres questions spécifiques lui seront proposées, il peut ensuite passer en zone rouge et être invité à rappeler son médecin. Cette appli décharge les soignants de ce premier suivi. »
94 % des médecins sont équipés d’un smartphone et seuls 8 % d’entre eux connaissent des applications santé. « Les patients vont toujours plus vite que nous et lorsque les sept millions de « mobilnautes santé » que l’on estime aujourd’hui, déferleront tel un tsunami sur les médecins, il faudra comprendre et s’y mettre vite. »

Les applications de mesures d’hier laissent progressivement la place à des systèmes experts qui analysent, mettent en perspective et coachent l’usager. « Aujourd’hui ces objets accompagnent réellement l’usager, personnalisent les messages de prévention et sont d’une redoutable efficacité. Mais il est très important de s’assurer d’une approche juridico-règlementaire et éthique. Par exemple, le travail de référencement de la NHS en Angleterre a été récemment retoqué car certaines applications présentaient des faiblesses dans la confidentialité des données. Notre travail à DMD consiste à réaliser des audits médicaux, métrologiques, juridiques, auxquels s’ajoute le feed-back de l’utilisateur qui est essentiel. Il s’agit de réfléchir à une forme d’autorisation sur le marché (AMM) comme pour les médicaments. Pour moi une application, c’est d’abord de la santé. »