Interview : Olivier Toma, Fondateur de l’agence Primum non nocere

En termes de transition énergétique, que dit la réglementation ?

Elle est simple et les dates butoir sont très proches. L’audit énergétique est obligatoire depuis 2012 pour les entreprises de plus de 250 salariés, et elles ont jusqu’au 30 juin de cette année pour déposer tous les justificatifs ! Ensuite le couperet tombe. Il s’agit d’une description détaillée de l’utilisation de l’énergie dans le bâtiment. Il faut pour cela identifier les principaux postes de consommation et mettre en évidence les pistes d’amélioration. Cet audit permet également de quantifier les économies réalisables et d’évaluer la rentabilité des pistes proposées.

Le diagnostic de performance énergétique est quant à lui obligatoire et doit être affiché dans le bâtiment depuis le 1er janvier 2011. Ce diagnostic présente la performance énergétique du bâtiment par une estimation de la consommation énergétique et son taux d’émissions de gaz à effet de serre.

Je peux vous assurer que de nombreuses cliniques vont manquer à l’appel, d’où l’importance de faire circuler cette information.

La Caisse des dépôts et consignations offre un prêt à taux zéro pour la rénovation énergétique des hôpitaux publics. Est-ce un pas dans la bonne direction ?

Absolument ! Si l’argument financier n’est pas premier, tant la volonté des équipes est le fondement de tout engagement durable, il demeure le nerf de la guerre. Ce prêt « croissance verte » de la Caisse des dépôts offre la possibilité aux établissements de rénover les bâtiments, et ainsi demain de faire des économies mais également d’agir pour la planète.

Que proposez-vous pour les établissements privés ?

Que les directeurs prennent en main l’avenir de leur secteur ! Les coûts de rénovation peuvent être conséquents, surtout quand on part avec un diagnostic très défavorable. Je ne vois qu’une seule solution, celle de la création d’un fonds dédié. Les taxis viennent de le faire pour créer une plateforme concurrente à Uber. Les cliniques pourraient s’organiser de même pour palier la raréfaction des financements ou en l’occurrence leur iniquité. Il est en effet regrettable que seuls les établissements publics soient éligibles à ce dispositif exceptionnel car l’enjeu est bien global. Mais il faudra bien se conformer à la réglementation en matière de transition énergétique en temps et en heure, et assurer les investissements futurs dédiés à cette démarche de développement durable sur laquelle on ne vous demande plus votre avis. Disposer d’un fonds a plusieurs vertus, celui de permettre aux propriétaires des cliniques d’optimiser leur retour sur capital, d’avoir accès à ce financement solidarisé, de solliciter des financements européens. Nous nous sommes déjà rapprochés de professionnels de la finance en capacité de nous aider à mettre en œuvre rapidement un tel projet.

Le gouvernement veut agir contre le changement climatique causé notamment par les émissions de gaz à effet de serre dues à l’augmentation des consommations des énergies fossiles. Mais il revient aux professionnels de santé de poursuivre le raisonnement car si le changement climatique impacte l’environnement, il a surtout de nombreuses répercussions sur la santé humaine et sur le coût de notre système de santé. En effet, réduire les consommations d’énergies fossiles directes et indirectes, c’est aussi réduire durablement, l’asthme, les allergies, les maladies à vecteur, les maladies cardiovasculaires, les cancers. C’est aussi optimiser les dépenses de santé et garantir un système sanitaire pérenne pour les générations futures.