Brice Teinturier, Directeur général délégué France, IPSOS

À partir de la description que les directeurs de cliniques vous ont faite, quelle est leur perception du contexte général des cliniques dans le système de santé ?

Nous travaillons sur la base d’un échantillon conséquent (217 personnes interrogées sur 550 adhérents) et dont la structure est proche d’une structure représentative. Les résultats d’ensemble sont donc solides. En revanche, compte tenu des bases de répondants, il faut prendre les réponses par région avec beaucoup de précaution. Cela dit, le contexte général est marqué par une très profonde inquiétude, avec des taux d’insatisfaction à l’égard de la situation actuelle massifs (85 %) et rarement observés. Le pessimisme est aussi très puissant puisque 96 % des personnes interrogées sont inquiètes s’agissant de l’évolution de la situation des établissements de santé privés dans l’année à venir et 88 % dans les 5 années à venir.

Comment les directeurs de cliniques voient-ils leur ARS ?

L’image qu’ils ont des ARS est négative, voire très négative. Aux yeux des directeurs, ce sont les termes de « bureaucratie », « d’iniquité » et « d’opacité » qui caractérisent les ARS. « Chronophages » et « démotivantes » sont également très cités. Le nombre d’adjectifs négatifs retenus est nettement supérieur aux qualificatifs positifs.

On note cependant de vraies différences entre les régions, ce qui est intéressant à deux égards. D’abord, parce que cela signifie que les interviewés n’ont pas répondu mécaniquement et par dépit systématique ; suivant les régions, ils peuvent être plus ou moins négatifs. Ensuite, si dans certaines régions les choses sont moins négatives voire positives, c’est qu’il y a une marge d’amélioration possible.

Quand on regarde plus près l’image des ARS, on mesure que le reproche le plus fort est celui de l’iniquité sur les autorisations et les subventions, ainsi que sur l’absence de consultation des ES à propos de décisions qui peuvent les concerner. Le niveau de satisfaction moyen obtenu est également de 5,8, ce qui est mauvais par rapport aux benchmark traditionnels où il faut être a minima à 7. Mais ce taux de satisfaction est très cohérent avec l’ensemble des indicateurs utilisés, qu’il s’agisse d’indicateurs de contexte ou d’image.

On note toutefois une qualité de relation plutôt bonne avec les délégués territoriaux et bien meilleure qu’avec les sièges des ARS.

Quel est le point le plus prégnant pour vous ?

Au bout du bout, c’est la légitimité même des ARS qui est questionnée, tant leur utilité apparaît faible aux yeux des répondants. À de rares exceptions près, soit elles n’apporteraient rien, soit autant ou plus de mal que de bien.

Ce qui est également inquiétant, c’est que les répondants anticipent pour les années à venir des relations avec les ARS stables – or, la situation actuelle est à leurs yeux insatisfaisante – soit allant en se dégradant plutôt qu’en s’améliorant. Le climat est donc lourd.