Pour pallier les déficits de recrutement dans le Cotentin, les acteurs publics et privés font campagne commune. Qu’avez-vous organisé en ce sens ?
Une coopération originale s’est mise en place sur notre territoire depuis maintenant trois ans à destination des jeunes médecins et chirurgiens. Les quatre établissements de santé (La Polyclinique du Cotentin, le Centre Hospitalier Public du Cotentin, Korian L’estran et la Fondation Bon Sauveur), les collectivités territoriales, les professionnels libéraux de santé aux côtés de l’URML œuvrent à développer l’attractivité du territoire auprès des jeunes internes en médecine et chirurgie présents (ou ayant été présents) sur le Cotentin. Deux temps annuels leur sont proposés, l’un fin juin à l’occasion d’un week-end sportif et festif « les Paradis de Cherbourg » et le second en fin d’année lors d’une soirée conviviale. C’est certes une construction de longue haleine mais qui a le mérite de poser les bases solides d’une réelle mise en avant de nos atouts, à commencer par notre collaboration dynamique auprès de futurs jeunes praticiens.
Quelles sont les objectifs recherchés par l’association ?
Cette coopération centrée sur l’attractivité médicale est une association réunissant des acteurs du soin des secteurs public et privé, et ça marche ! Nous sommes partis du même constat : nous avons des difficultés de recrutement de praticiens, comme c’est malheureusement le cas dans de nombreux autres territoires. Cette démarche originale est à l’initiative de l’hôpital public et de la clinique privée. Cette action, parce que commune, a plus de chances de rencontrer sa cible et de réussir, non ? Quand un interne voit qu’il y a une véritable unité des professionnels sur le territoire, il pense que cela peut être intéressant de venir travailler là et que personne n’est ou ne se sent stigmatisé quel que soit le choix du secteur -public ou privé- qu’il fait. Lancer un tel projet est une affaire de plusieurs années puisque le cursus des internes est de 5 ans. Les internes savent désormais que Cherbourg est une option pour eux dans leur parcours.
La Polyclinique du Cotentin accueille-t-elle des internes ?
Elle va en accueillir très probablement dès novembre en gynécologie. L’aspect chirurgical est très attendu. Depuis 10 ans nous essayons en vain d’avoir des internes à la Polyclinique, une demande que nous avions initiée avec le PUPH du CHU. Nous sommes le 2e centre de FIV de la région, l’hôpital fait surtout de l’obstétrique, la Polyclinique a une autorisation en cancérologie et nous avons des accords avec l’hôpital pour opérer leurs patients et cela marche bien. Les internes seront ainsi accueillis à l’hôpital public et chez nous.
Dans ma spécialité d’ici cinq ans, nous aurons besoin de recruter une dizaine de praticiens gynécologues dans le Cotentin. On a un peu d’espoir car il y a pas mal d’internes qui sont intéressés par nos structures qui marchent bien.
L’État se repose sur les médecins pour trouver des médecins dans certains territoires. Il décrète le nombre d’internes formés et puis ne va pas plus loin. Ce n’est pas normal que certains territoires soient délaissés.