Professeur Guy Vallancien, Chirurgien urologue, membre des académies nationales de chirurgie et de médecine, président de l’école européenne de chirurgie

Vous publiez sur le web une nouvelle vidéo décalée sur les primaires de la droite. Quelle est votre motivation à traiter un sujet sérieux par la dérision ? 

Cette vidéo est l’idée d’un groupe de copains de 30 ans. En 2007, nous avions déjà posté sur la toile une première vidéo, puis une deuxième en 2012 qui a eu un succès inattendu avec 1,4 million de « vues ». Les retours sont bons, y compris des malades, bref, on se fait plaisir ! En 2016, nous nous sommes dits : et pourquoi pas sur les primaires ?  L’exercice est cette fois-ci un peu plus difficile. Mais ce qui est incroyable, c’est que rien n’a changé, les personnages sont toujours les mêmes. On assiste à un grand déballage, en réalité, c’est un dévoiement de la démocratie.

Avez-vous l’espoir que la santé devienne un sujet de campagne ?

La santé n’a jamais été par le passé un sujet de campagne car nous n’avions pas de sujets suffisamment clivants et donc pas grand chose à débattre. Il fallait simplement serrer les boulons partout. Cette fois-ci, le tiers payant généralisé surtout mais aussi la grogne qui monte avec un hôpital qui part en débandade, va nous aider. Des options se présentent et il faudra les examiner et négocier.

Qu’attendez-vous des politiques ?

Nous avons des aspirateurs à ramasser tout le monde. Aucun d’entre eux n’a de vision à 10 ou 15 ans. Certes, nous connaîtrons des innovations, mais nous savons ce à quoi ressemblera l’hôpital dans 10 ans. Nous devons impérativement évaluer les résultats pour avancer. Que nous disent les patients sur leur santé de retour au domicile ? Ces données sont des éléments très structurants. Ensuite, il faut régionaliser, la santé ne se gère pas depuis Paris. L’ARS doit rester un arbitre mais en aucun cas un gestionnaire. Libérer les acteurs est essentiel, ils auront de bonnes idées. Puis, il faut développer la santé publique. Nous disposons de données mais pas d’analyses, dès lors comment savoir où il faut appuyer ? Enfin, nous souffrons de l’emprise de la technostructure. Il nous faut un ministère de la Santé, et non plus du soin et de la maladie, allégé mais uni à l’agro-alimentaire et à l’environnement. De grâce supprimons toutes les agences inutiles. Pour retrouver de la liberté d’agir, oui il faudra un peu d’ordonnance. Il faudra mordre !

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