Le Dr Christian Delaunay, chirurgien orthopédiste à la clinique de l’Yvette à Lonjumeau (91), ancien vice-président, vient d’être élu président de la SOFCOT.
Le congrès de la SOFCOT, rendez-vous annuel des orthopédistes, vient de s’achever. Qu’est ce que la SOFCOT ?
La mission de la SOFCOT est de promouvoir la qualité de l’exercice professionnel en chirurgie orthopédique et traumatologique dans le cadre d’une association professionnelle dédiée. Notre organisation a été renommée Conseil national professionnel de de la Société française de chirurgie orthopédique : CNP SOFCOT. Elle s’appuie sur cinq piliers : l’Académie d’orthopédie et de traumatologie (AOT), le Collège français des chirurgiens orthopédistes et traumatologues (CFCOT), le Syndicat national des chirurgiens orthopédistes (SNCO), Orthorisq, organisme de gestion des risques, et enfin la Fondation pour l’innovation en chirurgie orthopédique et traumatologique (FICOT). Rappelons que les conseils nationaux professionnels (CNP) ont été créés par la loi HPST qui prévoit une parité de représentation entre les professionnels des secteurs public et privé. Cela a bouleversé le mode de sélection des représentants de nos organisations. Pour ce qui nous concerne, cela signifie une gouvernance bicéphale dont une partie scientifique, notre Académie, est présidée plus naturellement par un universitaire et je suis pour ma part praticien libéral, président du CNP, mais toutes les combinaisons sont possibles.
Unis, notre mission est de représenter au mieux l’ensemble de la profession. Par exemple, le dialogue avec les assureurs est nouveau et pourtant essentiel car la RCP (responsabilité civile professionnelle) est une question majeure pour les praticiens libéraux. D’une manière générale, il reste très frustrant de ne pas être écoutés, car soyons clair, on ne demande pas souvent l‘avis des professionnels de santé en amont de certaines décisions ! Certes, nous avons la possibilité de réagir et pour cela nous nous appuyons sur les informations que nous remontent nos « piliers », notamment les données apportées par Orthorisq et notre syndicat. Nous collaborons sans angélisme avec les agences publiques telles que la CNAMTS, la HAS, l’ANSM au travers de relations qui ne cessent de s’améliorer. En revanche, nous n’existons pas, ou bien peu au niveau du ministère de la Santé. Notons toutefois que le Conseil d’État audite pour la première fois les CNP chirurgicaux ; nous y voyons un vrai pas en avant.
Comment voyez-vous l’avancée de l’ambulatoire dans votre spécialité ?
Il n’y a plus de débat concernant la prise en charge en ambulatoire de la plupart des actes concernant les membres supérieurs y compris certains actes majeurs, ainsi que les actes légers concernant les membres inférieurs : sur ce point, il n’y aura aucun retour en arrière. En revanche, l’approche ambulatoire de la chirurgie lourde à risques plus élevés est beaucoup plus délicate. Elle nécessite une organisation parfaite et un engagement de tous les professionnels concernés et à tous les niveaux ; cela demande un grand volontarisme et une refonte importante de nos habitudes. L’harmonie nécessaire au sein des équipes, principalement entre chirurgiens et anesthésistes, n’est pas encore acquise partout ! Et comment motiver les équipes sans reconnaissance de l’effort avec un tarif décoté ? Il faut donc avancer progressivement, réduire d’abord la durée d’hospitalisation puis éventuellement ensuite envisager une prise en charge ambulatoire. Sur le fond, il n’y a aucun frein « de raison », si ce n’est l’inéligibilité du patient. Par contre, le problème de la responsabilité en cas d’incident directement lié l’ambulatoire n’a jamais été abordé par nos tutelles.
Le congrès 2016 était placé sous le signe de l’innovation technologique et numérique. Que fallait-il retenir ?
Il faut aborder les innovations de façon raisonnée et rester vigilant sur les conséquences des nouvelles pratiques en gardant l’œil rivé sur les bénéfices aux patients. Pour ma part, je retiens l’entrée de l’informatique dans les blocs comme une avancée déterminante. Les possibilités d’une imagerie 3D couplée à la robotique sont fascinantes. Nous entrons dans une nouvelle ère où la vision virtuelle remplacera la vision réelle. Le geste chirurgical se trouvera plus assuré, mieux contrôlé, le stress du chirurgien diminué, mais la relation avec le patient sans doute aussi modifiée. Nous entrons dans de nouveaux modes d’exercice de nos métiers.