Amélie Gélis, Directrice de la Clinique Arago, Paris

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Quelles sont les initiatives que vous développez au long cours pour améliorer la sécurité des patients ?

Nous avons proposé il y a quelques mois, en collaboration avec un assureur, des ateliers à destination des praticiens et des infirmiers de bloc. Cela permettait de mettre une équipe en situation de gestion des risques opératoires en disposant pour cela des dernières technologies, avec notamment un mannequin connecté. La dimension était ici plutôt médicale.
Afin de sensibiliser régulièrement les soignants, nous organisons des « blocs des erreurs ». Il s’agit de placer dans une salle de bloc, des anomalies, comme par exemple, des erreurs liées à l’identité du patient, à son groupe sanguin, à la péremption de boîtes d’instruments, etc. L’équipe (chirurgien, anesthésiste, infirmier de bloc opératoire) doit détecter les dysfonctionnements et proposer des actions de correction adaptées.
Dans le cadre de la semaine de sécurité des patients, nous avons instauré, des « cafés information » à destination des patients autour de différents thèmes (cuivre antibactérien, sécurité de la sortie du patient, information du patient etc.). Un atelier sur la sécurisation de la pose de prothèses par la planification informatisée a connu un succès particulier durant cette semaine. À partir de la radiographie du patient, un chirurgien expliquait comment et pourquoi le choix se porte sur telle prothèse, de telle taille, etc. Les retours des patients ont été très positifs et le chirurgien lui-même a été très heureux de la curiosité et de l’intérêt des patients. Il souhaite d’ailleurs pérenniser ces animations qui renforcent la relation de confiance entre le patient et le chirurgien.

Quelles sont les actions de communication que vous avez mises en place ?

Nous avons beaucoup développé la communication car pour nous, informer le patient est fondamental pour l’impliquer dans la démarche de soins et ainsi diminuer les risques. Nous avons donc produit une série de courts films vidéo qui séquencent le parcours du patient de son entrée à sa sortie. Chaque étape est scénarisée comme un vrai film tourné dans nos locaux avec l’intégration de films expliquant les interventions chirurgicales. L’infirmière remet au patient dès son entrée, une clé USB contenant ces scènes. Nous avons fait le choix du séquençage pour permettre au patient de visionner chaque étape de son parcours au moment où il le souhaite. Nous éditons aussi des guides du retour à domicile après l’intervention dans lesquels sont expliquées les suites opératoires, les recommandations et les complications possibles. Nous avons par ailleurs beaucoup travaillé en amont avec les chirurgiens sur une homogénéisation des prises en charge et avons produit des « plans guide », protocoles de soins post-opératoires, qui sont suivis à 90 % par nos chirurgiens. Cela permet d’aboutir à une prise en charge cohérente et très sécurisée de nos patients.

Quels sont vos projets particuliers pour améliorer de façon continue la sécurité ?

Nous travaillons en ce moment à la finalisation d’une plateforme web avec code d’accès personnalisé pour que le patient puisse disposer dès la consultation chirurgicale de toutes les informations nécessaires à sa prise en charge. Nous y avons intégré nos films mais aussi des récapitulatifs d’informations délivrées lors de la consultation, des formulaires à télécharger et des vues 3D des interventions. Le patient peut ainsi prendre connaissance de son parcours, anticiper les étapes de sa prise en charge et réécouter les informations délivrées par les différents professionnels. Enfin, les dossiers de patients présentant des difficultés diagnostiques, d’indications chirurgicales ou de techniques sont examinés tous les 15 jours au cours d’un staff médical. Depuis un an, l’équipe de médecins anesthésistes organise des réunions équivalentes afin d’offrir aux patients les plus fragiles la prise en charge la plus sécurisée.