Chef du service de chirurgie vasculaire de l’hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt, président de la Fédération des spécialités médicales (FSM).
Quelle est la motivation qui a prévalu à la création de la FSM ?
La FSM telle qu’elle est actuellement, est issue du constat d’un déficit de représentativité des médecins du fait de l’existence de nombreux organismes représentatifs, sociétés savantes, collèges, associations de formation et syndicats, chacun couvrant un aspect du métier. Notre idée était alors de créer des « boards » comme cela existe déjà dans de nombreux pays anglo-saxons ou européens qui permettent une représentativité globale, puissante, par spécialité autour de la notion de qualité des soins. Depuis la loi HPST, l’État nous reconnaît comme l’interlocuteur unique des spécialités médicales. Nous fédérons désormais les Conseils nationaux de spécialité (CNP), au nombre de 47. Chaque CNP représente la spécialité dans l’ensemble de ses composantes scientifiques et professionnelles.
Que propose concrètement la FSM ?
Nous avons appris en marchant et avons progressivement découvert les missions qui pouvaient être les nôtres. La FSM est ainsi devenue une ressource essentielle pour des expertises professionnelles indépendantes. Nous sommes conventionnés avec le ministère de la Santé, le CNOM, les ARS, l’IGAS, l’ANSM, l’ATIH, l’ONIAM etc. Saisis sur un sujet, nous sollicitons le CNP ad hoc, nous nous assurons que les interlocuteurs sont les bons et que le travail se déroule comme il se doit, mais nous n’intervenons pas dans l’expertise. Par ailleurs, nous gérons, grâce à une plateforme commune, de nombreux registres de données médicales, initiés et pilotés par les CNP. Nous hébergeons notamment les registres d’activité de la chirurgie cardiaque, de la chirurgie thoracique, et bientôt celui de la chirurgie vasculaire. Nous avons également récemment lancé celui des implants mammaires qui s’adresse à l’ensemble des chirurgiens plasticiens. À la demande du ministère, nous accompagnons également le déploiement et le suivi du DPC auquel les CNP contribuent désormais de manière importante.
La FSM est-elle un contre pouvoir ?
Nous sommes pragmatiques. Le pouvoir dont nous pourrions nous prévaloir a été acquis par nos actes. Nous souhaitons impulser une boucle vertueuse autour de la qualité des soins entre les trois grands acteurs qui sont : l’université représentée par la Conférence des doyens, le Conseil national de l’Ordre, et le troisième acteur qui regroupe la FSM, ses CNP, et le Collège de la médecine générale. Ainsi, nous avons décidé de travailler ensemble sur le portfolio, le parcours global recommandé du médecin spécialiste. Aucun de ces trois grands acteurs ne peut revendiquer une régence, le « travailler ensemble » est essentiel pour s’adapter au changement. De la même manière, il faut décloisonner les deux modes d’exercice salarié et libéral très tranchés en France. La médecine est unique, nous avons tous la même formation, la même appétence pour notre métier, et les mêmes patients. Bref, nous sommes les mêmes, des médecins !