Dr Philippe Cuq, Président de l’Union des Chirurgiens De France (UCDF) et co-président du Bloc

Le Bloc et l’Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (UCCSF) ont publié les résultats d’une étude réalisée par IMS Health sur les différences de coûts de 248 actes traceurs en chirurgie et obstétrique entre les secteurs hospitaliers public et privé, en intégrant les honoraires et les DP des médecins.

Pourquoi publier une nouvelle étude sur les différences tarifaires en chirurgie et obstétrique entre les secteurs hospitaliers public et privé ?

À l’aube de choix stratégiques pris par le nouveau président de la République, il nous a semblé utile de faire une piqûre de rappel. Nous voulions remettre en évidence ce décalage de financement entre les deux secteurs, que cette étude sérieuse pilotée par l’ancien DG de la CNAMTS démontre. Toutes choses égale par ailleurs, l’hôpital est plus cher et cette situation demeure toujours sans explication. Nous exerçons au sein de cliniques et nous sommes très inquiets d’une part de la baisse des tarifs et d’autre part de cette différence de financement réaffirmée par notre étude.

En creux de cette étude, que voulez vous dire aux complémentaires santé ?

100 % des chirurgiens libéraux ont besoin de compléments d’honoraires, qui représentent environ et en moyenne 50 % de leurs revenus. Les praticiens sont mécontents et les patients nous disent tous les jours que leurs cotisations ont augmenté de 2,5 % et que leurs remboursements diminuent. Les complémentaires encaissent 33 milliards d’euros et reversent 24 milliards. Où partent les 9 milliards d’euros de différence ? Nous avons là un problème politique.

Que proposez-vous ?

La priorité du nouveau président serait de modifier le décret du contrat responsable dès le PLFSS 2018. Les complémentaires pourraient s’engager à rembourser un plancher de 30, 40, 50 % minimum des compléments d’honoraires et les praticiens s’engageraient à les limiter à un certain plafond, selon un cahier des charges. Aujourd’hui, il est limité à 100 %, demain s’il était porté à 250 %, il couvrirait le périmètre de tous les compléments d’honoraires. Je rappelle que, condition sine qua non de survie de la chirurgie libérale qui prend en charge grosso modo la moitié de l’activité en France, les compléments d’honoraires ne pèsent que 900 millions d’euros sur un ONDAM hospitalier de presque 80 milliards. Au-delà, le futur président devrait nettoyer la loi de santé et la faire évoluer pour intégrer par exemple un grand plan national pour lutter contre les pathologies neuro-dégénératives dont la prise en charge est un problème politique, ou encore redonner du souffle au Plan cancer 3 en intégrant davantage l’accès aux innovations thérapeutiques.