Michel Gagneux, Directeur de l’ASIP Santé

L’ASIP Santé est un interlocuteur connu des directeurs d’établissements, mais pouvez-vous nous rappeler ses principales missions ?

L’ASIP Santé joue le rôle d’agence nationale de santé numérique et dans cette perspective, elle exerce trois grandes missions : contribuer à l’élaboration d’un cadre de régulation qui favorise le développement des technologies et des usages de la e-santé ; assister les pouvoirs publics dans la mise en œuvre de services numériques ou de systèmes d’information de portée nationale, comme par exemple les messageries sécurisées de santé MSSanté, la refonte du système d’information des Samu-Centres 15, la rénovation du système d’information des centres anti-poison, récemment l’ouverture d’un portail de signalement des événements sanitaires indésirables et à venir un service public d’information à destination des citoyens et patients ; accompagner la conduite du changement et les acteurs en prenant en considération les besoins et les attentes des utilisateurs et des professionnels de santé, mais aussi en soutenant l‘innovation. Les enjeux de la santé numérique ne sont plus réellement technologiques mais essentiellement culturels et organisationnels. Ces trois missions sont un terrain de fertilisation qui se répercutent sur l’ensemble de nos projets.

La sécurité des systèmes d’information est une préoccupation majeure des directeurs d’établissement, en quoi l’ASIP Santé peut-elle les aider ?

L’ASIP Santé a élaboré un corpus documentaire sous forme de référentiel qui collige la politique générale de sécurité des systèmes d’information de santé, les principes et recommandations  nécessaires pour sécuriser les systèmes et préserver la confidentialité des données de santé à caractère personnel. Ce référentiel a pour vocation à devenir opposable avec une série de textes réglementaires qui sont en préparation. En outre, un portail de collecte des incidents de sécurité des systèmes d’information de santé et d’aide pour traiter ces incidents est prévu pour le dernier trimestre 2017.
L’ASIP Santé est une puissance d’accompagnement des acteurs, de conseil et de soutien pédagogique, afin qu’ils puissent comprendre et s’approprier les enjeux, disposer d’outils simples et adaptés aux usages pour mettre en place leurs systèmes d’information en respectant des principes de sécurité. Nous allons mener en ce sens une opération de communication avec des systèmes de e-learning, de formation, etc., puis des plans d’accompagnement sur le long terme, que nous sommes en train d’expérimenter avec les GHT.

Dans 10 ans, à quoi ressembleront ces systèmes et comment pensez-vous qu’ils amélioreront les pratiques et les soins hospitaliers ?

La santé numérique en France franchit un premier palier de maturité, que nous devons encore transformer en usages quotidiens. Nous sommes en même temps en train de préparer le deuxième palier, qui va faire franchir à notre système de santé une grande étape de rationalisation et de modernisation, avec des services ajoutés pour les professionnels de santé et les patients, les objets connectés, les outils d’aide à la décision, les outils patients, le big data, etc. L’ASIP Santé est au cœur de cette transformation, mais les acteurs doivent être conscients que les impatiences vis à vis du numérique ne suffisent pas et qu’il faut prendre en charge, chacun dans son secteur, sa part du chemin à accomplir. Les pouvoirs publics ont du travail pour rendre leur gouvernance encore plus cohérente, rapide et efficace, ainsi que plus incitatrice à l’innovation. Nous avons devant nous un nouveau cycle qui va être passionnant.
En France, nous avons collectivement tâtonné pour mettre en place une politique nationale, avec des projets qui n’ont probablement pas été au rythme souhaité. Finalement, cette phase qui aurait pu être perçue comme facteur de lenteurs a permis de poser un socle et est en fait un atout considérable pour une accélération dans la décennie qui vient. C’est le pronostic que je fais.